Kevin Granger: «Je repasserai peut-être devant la caméra»

Rédigé par
Fabio Bonavita
Vaud

BILAN • Le président de l’UDC Vaud, Kevin Grangier, quittera ses fonctions le 3 octobre prochain. Il revient sur les réussites et les échecs de son mandat, tout en laissant la porte ouverte à un possible retour en politique. Entretien.

Lausanne Cités:  Quel bilan tirez-vous de ces cinq années à la tête de l’UDV Vaud?
Kevin Grangier: J’ai la conviction d’avoir contribué à améliorer l’image de l’UDC dans le Canton, tout en lui apportant de la stabilité et du caractère. Nous avons fait bouger les lignes en 2022 lors de l’élection au Conseil d’Etat vaudois. Et mon meilleur souvenir en tant que président se situe à Lausanne. C’était lors des élections fédérales de 2023. La veille du dimanche électoral, nous avions un stand UDCà la place de la Palud et nous partagions la raclette avec les passants, on avait pris des accordéons pour animer notre présence et ce jour-là, nous avons été le dernier stand à quitter la place car nous avions réuni bien plus de monde que les autres partis. A ce moment-là, j’avais acquis la conviction que nous gagnerions ces élections fédérales et c’est ce qui s’est passé.  

A Lausanne, on a l’impression d’une UDC combative, mais qui peine à véritablement convaincre les électeurs, c’est votre principal échec?
En tant que président, oui. A Lausanne comme dans toutes les villes en Suisse, l’UDC n’a pas encore trouvé la bonne formule avec les bonnes incarnations pour espérer de meilleurs résultats.

Vous oubliez Fabrice Moscheni qui est plutôt actif, non?
C’est vrai et je ne l’oublie pas. Il réalise un travail formidable pour l’UDC, mais à l’impossible nul n’est tenu. En fait, en ville, il nous faudrait des personnalités au profil plus féminin.

En fait, vous recherchez une Céline Amaudruz vaudoise?
C’est ça, oui. Elle est la preuve que l’UDC peut avoir du succès en ville et ceci de manière rapide.

N’est-ce pas une bataille perdue d’avance?
A mes yeux, le problème numéro un pour l’UDC et même pour toute la droite, c’est la péréquation intercommunale qui permet à la ville de vivre largement au-dessus de ses moyens. Tant que la péréquation intercommunale permet à la gauche d’arroser sa clientèle politique comme elle le fait, c’est peine perdue. L’UDC souhaite sortir la ville de Lausanne du calcul de la péréquation pour obliger la majorité de gauche à assumer elle-même les coûts de sa politique et à cesser d’aller puiser dans la poche des autres communes.

Quels sont les problèmes à régler en ville de Lausanne selon vous?
La ville a beaucoup et très mal changé en trois décennies. On assomme fiscalement les citoyens, on chicane les automobilistes, on tolère la drogue et l’insécurité, on rebaptise des rues et des places pour effacer notre histoire et ceci sans oublier la problématique de l’insécurité avec de plus en plus de mendiants au comportement toujours plus agressif.

Pourtant, c’est un municipal de droite, le PLR Pierre-Antoine Hildbrand, qui est en charge de la sécurité…
Effectivement, mais je me questionne sur sa marge de manœuvre.

Pour votre succession, des noms ont circulé et pourtant aucune candidature n’a été déposée, cela vous a-t-il surpris?
Oui, même si les trois vice-présidents qui feront l’intérim, Sylvain Freymond, Emmylou Ziehli et Marco Carenza, sont parfaitement aptes. J’aurais préféré qu’un de ses trois se disent: «J’y vais». Mais apparemment, ils avaient besoin de plus de temps pour se décider.

Pourquoi ne pas avoir rempilé?
Ma mission était accomplie, il aurait été faux de rester et, pire, de s’accrocher.

Dans quel état se trouve l’Alliance vaudoise, dans le coma avant le réveil prévu en 2027 lors des prochaines élections cantonales?
L’UDC est la boussole qui indique à l’Alliance vaudoise le cap à prendre. Je vois l’Etat de Vaud comme un gros paquebot qui ne peut virer à 90 degrés d’un seul coup sans créer de dégâts. Nous ne voulons pas casser les machines, mais nous voulons un changement de cap, degré par degré.

C’est-à-dire?
En matière de fiscalité notamment, des premiers pas timides ont été effectués avec la baisse de 3,5% de l’impôt cantonal sur le revenu. Si ce sont les premiers pas, nous les saluons, si ce sont les derniers, cela ne sera pas suffisant.

Que ferez-vous après le 3 octobre?
L’agence DG! fondée avec mon associé PLR Jean-Luc Duvoisin connaît un départ prometteur et m’occupe  suffisamment. Sans oublier mes trois enfants et une trentaine de jours par année de service militaire.

On peut s’attendre à votre comeback en 2027 pour briguer un siège au Conseil d’Etat vaudois?
En 2027, non. Après, il ne faut jamais dire jamais et je n’exclus pas de repasser un jour devant la caméra, mais je ne suis pas dans cet état d’esprit.

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