Comment la Ville chasse les chewing-gums jetés par terre

Rédigé par
Abdoulaye Penda Ndiaye
Lausanne

PROPRETÉ • Le Neps est un engin de la voirie réputé pour son efficacité à traquer et à arracher les chewing-gums jetés dans l’espace public lausannois. Reportage avec un chef d’équipe qui traque sans relâche le plastique qui se mastique.

Lundi 3 mars, rue des Terreaux, 8h30. Au milieu des piétons vaquant à leurs occupations, Arsim Ademi manœuvre son véhicule de manière méticuleuse et en roulant au pas. Malgré la délimitation d’un petit périmètre de sécurité, ce quadragénaire qui en est à sa sixième année au service de la propreté urbaine de Lausanne doit aussi anticiper les comportements déraisonnables de quelques esprits distraits. «Il y en a qui ont toute leur attention focalisée sur leur téléphone, d’autres qui marchent et changent soudainement de trajectoire. Je dois faire attention à tout», lâche-t-il en souriant. 

Juste après les mégots

Parmi la centaine de véhicules et machines dévolus à la propreté urbaine de la capitale vaudoise, le quadragénaire suisse d’origine albanaise a un lien particulier avec le Neps, un engin réputé pour son efficacité à traquer et à arracher les chewing-gums jetés au sol. Le chewing-gum est devenu un des ennemis les plus tenaces de la propreté publique. Après les mégots de cigarette, ce plastique qui se mastique est le deuxième déchet le plus répandu dans le monde. La quatrième ville de Suisse n’échappe pas à cette triste réalité. 

Malgré les campagnes de sensibilisation qui ont lieu chaque année, les quelque 1005 corbeilles à poubelle disséminées dans la ville et les amendes pour sanctionner les incivilités, le chewing-gum continue de coller aux basques de la Ville. «Plus de 300 chewing-gums au m2 ont été enlevés entre la place Chauderon et la tour Bel-Air en 2020, soit un total de 100’000 chewing-gums», rappelait Florence Germond, élue responsable de la propreté urbaine. 

«Ils sont jetés un peu partout. Mais c’est surtout devant les commerces, aux alentours des arrêts de bus et, paradoxalement, sur le pourtour des corbeilles de rue qu’on en voit le plus», relève Arsim Ademi.

Plus de pression que le karcher

D’un geste leste, l’ouvrier quadragénaire descend de son petit véhicule et s’empare d’une lance dont les puissants jets d’eau redonnent rapidement des couleurs au trottoir. Véritable couteau suisse, le Neps brosse, nettoie, aspire et lave. «Il contient de l’eau chauffée entre 75 et 80 degrés et sans aucun produit chimique. Il a plus de pression que le karcher. Grâce à la parfaite combinaison entre la chaleur et la pression, cet engin est très efficace», fait remarquer le chef d’équipe. 

«Le Neps nous rend un grand service durant toutes les saisons mais c’est pendant l’été qu’il est encore plus efficace. Nous disposons de trois engins de ce type, dont deux d’un format plus réduit», souligne Stéphane Beaudinot, chef du service de la propreté urbaine. 

De la brosse de trottoir au camion de collecte des poubelles, le personnel de la voirie dispose d’une flotte composée d’une centaine de véhicules et d’engins. Contrairement aux incivilités, qui engendrent un surplus de travail pour les personnes chargées de l’entretien de l’espace public, les marques de gratitude leur procurent du baume au cœur. «Un merci spontané vaut de l’or pour celles et ceux qui œuvrent au quotidien pour rendre la ville propre. Leur mission inspire du respect et de la reconnaissance», ajoute Stéphane Beaudinot.

Un devoir bien accompli

Mètre après mètre, la saleté disparaît. Au plus grand bonheur d’Arsim Ademi, il y a un avant et un après-passage du Neps. «Finir mon travail en laissant derrière moi des rues nickel me procure une énorme satisfaction», poursuit l’ouvrier. 

En milieu de journée, c’est dans la bonne humeur que celui qui avait entamé le travail aux aurores rejoint sa famille. Même s’il est conscient qu’il devra tout recommencer le lendemain, Arsim Ademi a le sentiment du devoir accompli. 

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