Raconter le cancer pour survivre...

Rédigé par
Joëlle Tille
Société

TÉMOIGNAGE • «Pulsion de vie», c’est le nom donné à une exposition qui plonge dans le cheminement de Danaé Correvon contre le cancer. Les trois femmes impliquées dans ce travail cherchent aujourd’hui à le rendre public. Rencontre. 

Danaé Correvon souffre d’un cancer depuis sept ans. L’année dernière a été particulièrement éprouvante. «J’ai dû changer de chimiothérapie quatre fois car la maladie continuait d’évoluer et j’ai été hospitalisée d’urgence car les métastases comprimaient mon cerveau. » Danaé vient de fêter ses 31 ans. Ce compagnon de route – le cancer - elle ne l’a pas choisi. Ce qu’elle a choisi en revanche c’est de l’affronter avec ténacité.
L’image et l’écriture comme thérapies
Sujet principal d’un travail réalisé en collaboration avec l’association Corps à cœur et la romancière lausannoise Cali Keys, Danaé Correvon s’est confrontée pendant un an à l’objectif de la sociophotographe Tania Flückiger. Cette pratique -  la sociophotographie – en alliant coaching et photographie, permet à une personne fragilisée par la maladie de retrouver une bonne estime d’elle-même. Résultat de ce travail, une exposition intitulée «Pulsion de vie» a été accueillie en décembre dernier par l’IMD. Elle n’était pas ouverte au public.
Cette expérience a aussi été l’occasion pour l’enseignante de métier d’utiliser l’écriture, qu’elle affectionne depuis longtemps, comme un moyen de prendre du recul sur ce qu’elle vivait. «J’ai réussi à ne plus me laisser envahir par ce qui touche à la maladie. Cette année m’a permis d’ancrer mes ressources et de me relever des annonces négatives.» Et puis la Lausannoise a enfin réussi à poser des mots qui parlent d’elle, ce qui lui était difficile avant. Son rêve? Ecrire un livre. «Avoir montré ces textes est déjà un exploit pour moi», dit-elle avec fierté. 
Aux mots qu’elle a elle-même couchés sur le papier, se superposent ceux de Cali Keys, que Danaé a tenu à impliquer. L’exposition tient en 17 tableaux où s’alternent photographies et textes, formant un portrait authentique qui oscille entre joie et tristesse, volonté et lassitude, mais laisse résolument le spectateur avec un sentiment d’espoir.
S’accrocher quoi qu’il arrive
Cet espoir, il reflète celui que souhaite garder Danaé. «Le mot “vie” prend tout son sens lorsqu’on la voit, commente Cali Keys. Elle a plus d’énergie que beaucoup d’autres personnes que je connais.» En effet, malgré la douleur, les hauts et les bas, Danaé continue de travailler à ses projets, notamment à la préparation d’un marché des artisans solidaire à l’occasion d’Octobre rose. Avec celles qui sont aujourd’hui devenues ses amies, elle souhaite également trouver un lieu qui accueille l’exposition «Pulsion de vie», afin que le travail réalisé, ainsi que son combat acharné ne restent pas silencieux. 

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