Quand la vue se trouble avec l’âge…

Rédigé par
Charaf Abdessemed
Santé & Bien-être

VISION - Défaut ophtalmologique le plus fréquent, la presbytie est une perte de vision de près qui résulte d’une évolution inhérente à la condition humaine, en raison du processus physiologique de vieillissement. Lunettes, lentilles et même chirurgie, les presbytes ont l’embarras du choix pour restaurer une vision optimale.

«L’unique méthode pour échapper à la presbytie, c’est de mourir jeune... » C’est à l’illustre poète allemand Goethe que l’on attribue cette magnifique citation, qui a au moins le mérite d’être explicite. Car la presbytie est inéluctable, constante et progressive, inhérente à la condition humaine, car liée au processus physiologique du vieillissement. 
Le cristallin, cette lentille localisée à l’intérieur de l’œil, grossit et se rigidifie, perdant peu à peu de son élasticité. Résultat: il «bombe» moins facilement et ne parvient pas à suffisamment accommoder pour que les images se forment correctement sur la rétine. De près, nous voyons alors flou et avons besoin de reculer les objets ou les livres pour les voir clairement. 
Vers 42 ans...
Pour l’immense majorité des gens, c’est vers l’âge de 42 ans, à mi-parcours de vie, que la presbytie commence à s’installer, puis augmente progressivement, avant de se stabiliser vers 60 ans. A partir de cet âge, l’accommodation, atteint un plateau, et l’on ne sent plus vraiment sa presbytie progresser. 
Lorsqu’elle survient chez des personnes qui ont déjà des anomalies de la réfraction, le ressenti lié à la presbytie est différent. Ceux qui présentent une myopie  par exemple, pourront retirer leurs lunettes pour lire. A l’inverse, ceux qui ont pu, très jeunes, compenser spontanément une hypermétropie en sur-accommodant, verront arriver plus tôt que les autres, des difficultés à voir de près.
Trois options de correction 
Dans nos sociétés, les individus qui développent les premiers signes de presbytie sont majoritairement actifs professionnellement, très souvent en contact avec des écrans et pratiquant des activités sportives. La presbytie représente donc un handicap, car elle altère l’autonomie visuelle et doit donc être compensée. 
Les lunettes représentent la modalité la plus courante pour la compensation de la presbytie. Elles comprennent les simples loupes, utilisées dans les activités nécessitant uniquement la vision de près ou des verres progressifs, plus sophistiqués, qui corrigent à toutes les distances. 
Les lentilles de contact sont également utilisées, soit en monovision (un œil corrigé pour voir de près et l’autre pour voir de loin), soit avec des optiques multifocales (loin et près dans les deux yeux).
Depuis quelques années, la chirurgie a connu un essor considérable dans le domaine. Elle comprend deux familles de techniques chirurgicales: le presbyLASIK (ou correction de la presbytie au laser sur la cornée) et une chirurgie d’ablation du cristallin couplé à la mise en place d’un implant compensateur de la presbytie.
Compromis
La chirurgie compensatrice de la presbytie s’adresse aux patients qui ne souhaitent pas porter de lunettes pour lire et/ou pour voir de loin ou qui ne supportent pas les lentilles de contact.  Quelle que soit la technique chirurgicale choisie, celle-ci repose sur le principe de compromis visuel. La restauration de la vision telle qu’elle était à l’âge de 20 ans, parfaitement nette de loin et de près sans correction optique est impossible. 
Le laser consiste à sculpter sur la cornée une correction personnalisée et adaptée à chaque patient. Quel que soit le laser utilisé, la monovision est toujours appliquée, c’est-à-dire qu’un œil est corrigé pour voir de loin et en intermédiaire, et l’autre œil pour voir en intermédiaire et de près.  Cette technique est très bien supportée, mais demande une période d’adaptation, qui peut durer, selon les patients, de quelques semaines à 6 mois. Elle exige également une consultation pré-opératoire, car il est très important d’expliquer au patient ce à quoi il peut s’attendre après l’intervention. Au final, le taux de satisfaction de ce type de procédure dépasse largement les 95%, comme l’indépendance en lunettes qui en résulte.

 

L'Avis de la spécialiste
Dr Aleksandra Petrovic
, Spécialiste FMH en ophtalmologie et ophtalmochirurgie

Peut-on empêcher la survenue de la presbytie?
Non, c’est un processus physiologique qui apparait en vieillissant, rien ne peut l’empêcher ni la retarder.  La presbytie affecte les deux yeux de manière symétrique et évolue peu à peu entre 42 et 60 ans.

Comment la corriger?
Nous ne savons pas restaurer l’accommodation du cristallin, mais pouvons compenser la presbytie. Le plus classiquement avec des lunettes, voire avec des lentilles de contact, pour les patients réfractaires au port de lunettes. Depuis plusieurs années, la chirurgie de la presbytie s’est développée considérablement, avec des profils d’efficacité et de sécurité similaires aux autres chirurgies ophtalmologiques courantes.

Que pensez-vous des implants intra-oculaires qui corrigent la presbytie?
Les implants peuvent être posés au décours d’une chirurgie d’extraction du cristallin (mêmes étapes chirurgicales que la chirurgie de la cataracte). Il y a deux familles d’implants qui existent pour compenser la presbytie, soit les implants dits EDOFs ou à profondeur de champs, qui sont en général aussi associés à la monovision, comme les lasers, versus des implants trifocaux, c’est-à-dire que chaque œil aura une vision de loin, en intermédiaire et de près.

Comment choisir ce qui est mieux?
Il ne s’agit pas d’un menu. Chaque technique présente des indications et des contre-indications. Il y a certains patients qui sont bons candidats pour du laser et pas du tout pour des implants trifocaux et vice versa. Une consultation avec un chirurgien spécialisé en chirurgie réfractive permettra de préciser la technique la plus adaptée pour chacun.

Avec la collaboration de Swiss Visio Network 
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