
CULTURE • Pour la troisième année consécutive, cinq classes de cinquième année de l’établissement scolaire de Mon-Repos ont bénéficié de la journée culturelle, organisée par Michael Facchin et Sarah Freda. Reportage.
Rires, cris et brouhaha ambiant. Un peu avant 10 heures vendredi 23 mai, l’esplanade devant Plateforme 10 a des airs de cours de récréation.
Une centaine d’élèves de l’établissement scolaire de Mon-Repos se prépare à participer à cette journée durant laquelle ils suivront chacun un atelier artistique.
Mêler les univers
«Ce n’était pas mon premier choix, mais finalement, il est cool cet atelier!», lance la jeune Liza, en peaufinant son dessin de superhéroïne; une créature à mi-chemin entre l’humain, le renard et le vampire. Dans l’atelier de Moloudi Hadji, artiste pluridisciplinaire, les enfants tentent d’imaginer leur propre héros. Un exercice loin d’être facile.
«C’est trop dur d’inventer!» lance l’un d’eux. Mais de doux effluves de pâtisseries viennent chatouiller les narines: l’autre moitié du groupe confectionne des «boules d’énergie», parce que les super-héros doivent se nourrir de bons aliments pour être pleins d’énergie et de force. «Et parce que la cuisine est aussi une forme d’art», commente Moloudi Hadji. Installée à l’étage de Photo Elysée, la photographe Laeticia Gessler – qui remplace Rebecca Bowring, conceptrice de l’atelier - accompagne les élèves à la capture d’images composées d’un tissu de leur choix, agrémenté d’un napperon en papier qu’ils ont eux-mêmes décorés. C’est peut-être la première fois que certains prennent une photo en plaçant leur œil à travers un viseur, plutôt qu’en regardant l’écran d’un téléphone portable.
L’art comme moyen de réflexion
Artiste de cirque, Léonore Danesi commence avec un échauffement ludique et en douceur. Il est difficile pour certains enfants de se prêter au jeu et de rester concentré. Dans les couloirs du MCBA, ils sont ensuite invités à créer avec leurs corps, qui deviennent les entraves d’un parcours d’obstacles à travers lequel il faut réussir à se frayer un chemin. L’objectif de cette journée est justement d’expérimenter de nouvelles pratiques, mais surtout de nouvelles façons d’appréhender l’art.
Pas uniquement comme l’apprentissage de techniques, mais surtout comme un moyen d’encourager la réflexion en laissant libre cours à sa créativité et en permettant des liens entre les disciplines.
Pérenniser le projet
«J’ai dessiné tout ce que je vois dans les nuages; une sorcière, un bonbon… Bien sûr, dans la réalité, je ne les vois pas avec autant de détails», explique Léonore, qui participe à l’atelier de Michael Facchin. En plusieurs étapes, les nuages des élèves évolueront au cours de la journée. Rassemblés, ils prendront l’apparence de quelque chose de plus grand, et de différent. «C’est une manière d’explorer la métamorphose du vivant», glisse Michael Facchin, éducateur en APEMS et professeur d’arts visuels, avant de retourner à ses élèves.
En 2023, il a organisé la première journée culturelle avec Sarah Freda, enseignante et médiatrice culturelle. Grâce au budget participatif de la Ville de Lausanne, ils ont obtenu le budget pour planifier trois éditions supplémentaires. Leur ambition: que cette journée s’étende à tous les établissements lausannois, explique Sarah Freda. «Nous constatons l’intérêt et la pertinence d’une telle journée hors cadre scolaire, où les enfants sont libres d’explorer, sans pression du résultat.»