
HISTOIRE • Edward Gibbon, Casanova, Victor Hugo... La célèbre place lausannoise est marquée par le passage de bien illustres personnages.
La maison de La Grotte où Edward Gibbon résida plusieurs années a disparu: au n° 15 de la place Saint-François, subsistent juste une plaque et l’imposant hôtel des Postes, inauguré en 1901. C’est dans le jardin de sa maison d’été que l’historien anglais mit le point final à son œuvre magistrale, «Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain», le 27 juin 1789. Jeune, le Londonien avait été placé par son père chez un pasteur à Lausanne pour qu’il renonce au catholicisme, qu’il nommait «papisme»: séjour et méthode efficaces !
Il dut aussi faire une croix sur son amour pour Suzanne Curchod: elle épousa le ministre des Finances de Louis XVI, Jacques Necker, et mit au monde la future madame de Staël, qui séjourna deux fois avec ses parents au château lausannois de Beaulieu. Plus tard, Gibbon écrivit dans ses mémoires: «A Londres, j’étais perdu dans la foule; à Lausanne, j’étais de pair avec les meilleures familles.»
Jouir de la liberté
Cet accueil, l’aventurier Giacomo Casanova l’éprouva aussi en 1760. Dans le tome 5 d’»Histoire de ma vie», il raconte comment il séduisit à Berne une jeune bonne qu’il emmena dans une soirée libertine pas piquée des hannetons.
Quelques jours plus tard, c’est à Lausanne, chez la jeune fille et sa mère, qu’il débarqua. «J’ai passé 15 jours dans cette petite ville, où je ne me suis jamais trouvé libre précisément parce qu’on avait la rage de vouloir jouir de la liberté. Je n’ai pu passer la nuit avec ma bonne qu’une seule fois», regretta-t-il, avant de filer rencontrer Voltaire à Genève.
A Saint-François, sur le mur est de la Banque cantonale vaudoise, une plaque signale que Victor Hugo fut le président d’honneur du Congrès international de la paix et de la liberté tenu du 14 au 18 septembre 1869 au casino de Derrière-Bourg.
Il logea à l’Hôtel des Alpes, où il fût accompagné par «un nombreux public». Dans sa jeunesse, l’écrivain n’avait pas été tendre pour cette ville qui «n’a pas un monument que le mauvais goût puritain n’ait gâté».
Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer», de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com
Disponible en librairie.