Face au déclin, l’Eglise catholique vaudoise tente l’innovation

Rédigé par
Laurent Grabet
Vaud

FOI • Le nombre de croyants et de nouveaux prêtres est en net recul depuis des années. Quelques initiatives de l’institution comme des simples fidèles pourraient venir freiner ce phénomène dans le Canton de Vaud. Le point.

L’Eglise catholique et la foi qu’elle porte ont connu des jours meilleurs. Selon les derniers chiffres de l’office fédéral de la statistique, 26.3% des Vaudois étaient catholiques en 2022. Soit 5% de moins qu’en 2012. L’Institut suisse de sociologie pastorale souligne que les églises ne se sont jamais autant vidées qu’en 2022 et que les baptêmes sont en baisse et les sorties de l’Eglise en hausse. Mais l’institution bimillénaire s’active pour contrecarrer cette tendance qui s’est poursuivie depuis 2022, notamment suite aux diverses révélations d’abus sexuels commis par une petite minorité de prêtres indignes.
Inauguré en avril, à deux pas de la gare de Lausanne, l’Espace Maurice Zundel, du nom du prêtre et théologien suisse décédé en 1975,  se veut par exemple un havre pour les «chercheurs de sens». Créé par la paroisse catholique du Sacré-Cœur, il abrite une chapelle, des salles pour la méditation, les conférences ou une bibliothèque. C’est un lieu à vocation œcuménique mais qui ne met bizarrement pas spécialement en avant les aspects religieux.
L’écologie, un thème hautement spirituel
S’appuyant sur l’encyclique «Laudato si» publiée en 2015, l’Eglise empoigne aussi de plus en plus le sujet porteur de l’écologie par conviction et pour rassembler. Le projet œcuménique EcoEglise, auquel adhèrent diverses paroisses catholiques dont celle Notre-Dame de Nyon, estime ainsi par exemple que «les églises ont un rôle clé à jouer dans les problématiques environnementales actuelles car elles accompagnent les changements de cœur et transmettent une espérance qui permet d’aborder sereinement l’urgence climatique». 
La Pastorale d’Animation Jeunesse du Canton de Vaud (PASAJ) se charge quant à elle d’attiser la flamme de la foi spécifiquement chez les jeunes. Et ce avec des méthodes que ne renieraient pas les Evangélistes: concert de louanges avec des groupes pop chrétiens en vue, messes des jeunes au Valentin et pèlerinage à Rome. Plus clivant, la PASAJ avait même mis sur pied le 29 avril à Genève une «Walk of faith LGBT+» qui avait fait tiquer de nombreux fidèles.
Un synode à double tranchant
Le synode, lancé par le Vatican sur la période 2021 à 2024 en a aussi séduit certains. Les quidams  ont apprécié être consultés dans ce cadre mais ils attendent maintenant des résultats du Vatican notamment sur davantage d’ouverture aux femmes ou sur le mariage des prêtres. Ses premières conclusions tomberont en octobre. Mais ce processus pourrait se révéler contreproductif s’il n’était pas suivi d’effets. «Ma conviction est que tout cela se soldera par un schisme entre les églises progressistes et conservatrices…», pronostique même le diacre Daniel Pittet. Lequel s’active dans «les périphéries» de l’Eglise conformément au désir de son ami, le Pape François. C’est là, dans le Canton de Vaud, que l’Eglise catholique met en pratique la vertu théologale de charité de manière concrète notamment auprès des personnes en situation de grande précarité financière ou psycho affective. Il n’y a dans ces activités, généreusement financées par le Canton, aucune visée prosélyte «mais elles débouchent régulièremment sur des conversions», se félicite une professionnelle.
Des initiatives venues  de la base
D’autres initiatives viennent aussi de la base. S’inspirant du succès exponentiel du Pèlerinage de Chartres, qui a réuni 18’000 marcheurs pour la dernière Pentecôte dont une grosse majorité de jeunes, le pèlerinage «Notre-Dame, gardienne de la Foi» se déroulera les 21 et 22 septembre entre Fribourg et Broc. L’idée est de «vivre un moment spirituel fort sous le regard de la Sainte Vierge». Citons aussi le succès rencontré depuis deux ans par la diffusion dans plusieurs salles de cinéma romandes ou salles paroissiales de «The Chosen». Cette série, où l’on découvre un Jésus pleinement humain, réunit parfois jusqu’à 200 spectateurs, croyants ou non. Il y a aussi les initiatives que l’on ne voit pas mais qui peuvent porter des fruits inattendus comme ces groupes de prières qui se réunissent sans faire de bruit un peu partout pour prier le chapelet.
Et  l’ex-aumônière de rue vaudoise Marie Lorwich de conclure: «De manière générale, il est indispensable d’écouter et de trouver le langage que le monde comprend aujourd’hui pour transmettre le même message universel du Christ que jadis mais de manière personnelle car nombre de gens n’ont plus les références permettant de procéder autrement…» 

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