Comment la Collection de l’Art brut 
s’est installée à Lausanne

Rédigé par
Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali
Culture & Loisirs

HISTOIRE - Le refus du Conseil de Paris de lui accorder le statut d’utilité publique incita l'artiste Jean Dubuffet à chercher un nouveau lieu d’exposition.

«Nous entendons par Art brut des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique […] de sorte que leurs auteurs y tirent tout de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode». Ainsi parlait Jean Dubuffet (1901-1985), artiste français et inventeur du concept d’«Art brut» qui, en 1971, fit don de sa collection à la ville de Lausanne. Artiste passionné par les formes et les matériaux nouveaux, Jean Dubuffet s’est intéressé très tôt à ces expressions artistiques marginales. Il commença ses recherches d’Art brut en Suisse dès avant la Seconde Guerre mondiale. 
Connaisseur du pays depuis ses études, Dubuffet rencontra, à Lausanne et à Berne, des psychiatres partisans de méthodes novatrices dans le traitement des affections mentales et intéressés par les créations de leurs patients. Il découvrit Aloïse Corbaz, Adolf Wölfli, Louis Soutter et d’autres créateurs déclassés, inventifs et extravagants. Il se prit d’affection pour le pays et ses habitants, ouverts, pensait-il, aux esprits rebelles et anticonformistes.
D’abord New York
La collection de Dubuffet est d’abord exportée à New York, puis revient à Paris au début des années 60. Le refus du Conseil de la capitale de lui donner le statut d’utilité publique incita le Français à chercher un nouveau lieu d’exposition. Il se décida pour Lausanne, où il trouva en Michel Thévoz, qui devint le premier conservateur de la collection, un interlocuteur privilégié. Inaugurée en 1976 au château de Beaulieu, elle est riche aujourd’hui de 70 000 œuvres, exposées par grandes thématiques, dont 700 dans l’exposition permanente.
Curieusement, la collection ne figure pas parmi les musées réunis à Plateforme 10, le nouveau quartier des arts. Mais peut-être est-ce bien ainsi, puisque l’Art brut veut «remettre en question les rites culturels et rechercher un art moins contrôlé par des normes fixes», comme le soutenait Dubuffet.  

Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer»,  de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com. Disponible en librairie. 

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