20 ans de lutte contre la fumée passive au CHUV

Rédigé par
Kristell Moullec
Société

SANTÉ • Ce mois-ci, le CHUV fêtera ses vingt ans sans tabac. Une décision forte prise en 2005, à une époque où allumer une cigarette à l’intérieur ne surprenait personne. Deux décennies après, le tabac a reculé. Mais est-ce suffisant?
Difficile d’imaginer aujourd’hui patients et soignants, cigarette à la main, circuler dans les couloirs du CHUV. Pourtant, la fumée fait encore partie intégrante du décor en 2005. Pour Jacques Cornuz, alors médecin cadre et professeur au CHUV et aujourd’hui à la tête d’Unisanté, il n’y avait pas de débat: «Le tabagisme passif augmente le risque de cancer du poumon et d’infarctus de 25 à 30% chez les non-fumeurs. On ne peut pas rester les bras croisés face à un tel constat. Un hôpital a une double responsabilité: aider les fumeurs à arrêter et garantir un environnement sans fumée», déclarait-il dans le journal interne du CHUV en avril 2005.
Que disent les chiffres?
Le CHUV n’a pas attendu que l’interdiction cantonale de 2009 ou l’arrivée de la loi fédérale l’année suivante pour agir. L’établissement bannit la fumée de l’ensemble de son site le 31 mai 2005. Quelques mois plus tard, les HUG et les CFF lui emboitent le pas. La dynamique est lancée sur le territoire. 
D’après les données de l’Enquête suisse sur la santé, l’impact est très positif. En vingt ans, le nombre de cigarettes vendues par an en Suisse a fondu, passant de 14 à 8 milliards. Concrètement? Même tendance pour le taux de personnes fumeuses, en recul de 31% à 24%. Quant à l’exposition à la fumée passive - une heure par jour ou plus - elle est désormais quatre fois moins fréquente qu’avant.
Des zones grises persistent
Cette évolution n’est pas anodine, comme l’explique Luc Lebon, responsable du Secteur prévention du tabagisme à Unisanté: «Les lieux publics sans fumée ont permis de faire reculer le tabagisme, d’améliorer la santé et de faire évoluer la norme sociale».
Si l’habitude est ancrée depuis longtemps à intérieur des bâtiments, la question de l’extérieur reste floue. Au CHUV, l’entrée principale est en travaux, mais pour d’autres bâtiments, comme la maternité et l’hôpital orthopédique, un périmètre sans fumée a été mis en place, ainsi que des abris pour fumer installés à distance raisonnable. 
Prévention, encore et toujours
Reste à harmoniser les pratiques, car dans le reste de la Suisse, tout n’est pas encore gagné: «19 cantons autorisent encore des fumoirs avec service. Dans ces lieux, le personnel reste exposé au tabagisme passif. Les enfants sont aussi particulièrement vulnérables», souligne le spécialiste d’Unisanté. Et l’industrie du tabac, elle, n’a pas dit son dernier mot et compte bien séduire chaque nouvelle génération. Puffs colorées, snus sucrés: les nouveaux produits du marché sont populaires auprès des plus jeunes, premières cibles des stratégies marketing. 
Vingt ans de politique structurée ont prouvé leur efficacité. Mais tant que des exceptions subsistent et que de nouveaux produits brouillent les cadres législatifs, la vigilance reste indispensable. Une course de fond donc, loin d’être terminée. 
 

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