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BILAN • Les ventes de voitures neuves ont fortement reculé en 2024. On peut accuser la conjoncture, certes, mais aussi la politique. En effet, le manque de clarté explique en grande partie ce résultat.
Les vendeurs de voitures suisses se font du souci, non sans raison. Entre 2023 et 2024, la baisse des ventes se chiffre à 5%, soit 12’679 véhicules de moins, pour un total de 239’535, loin des 300’000 des belles années avant la crise sanitaire. Pire: le pourcentage des autos «à prise» (électriques ou hybrides rechargeables) stagne à 28%. Pourquoi est-ce un problème? Parce que, normalement, de nouvelles normes d’émissions de CO2, abaissées de 20%, devraient entrer en vigueur.
Il faudrait une part de marché d’au moins 50% de ces véhicules pour atteindre les directives environnementales. Dur, dur… Le directeur d’auto-suisse, qui regroupe la majorité des importateurs, Thomas Rücker est clair: «Un dépassement marqué de la valeur cible entraînerait d’énormes sanctions de l’ordre de centaines de millions, auxquelles il sera difficile de faire face sans une augmentation des prix pour les consommateurs et les répercussions qui en découleraient pour l’ensemble de l’économie. De plus, cela ne permettrait pas de corriger efficacement le recul global du marché, qui, dans le pire des cas, mettrait en péril de nombreux emplois et entreprises.»
Le rôle politique
On dirait bien que les élus ne sont pas pressés d’avantager les voitures électriques. La preuve, la taxe d’importation de 4% a été réintroduite par le Conseil fédéral et les tarifs ont pris l’ascenseur. «Nous sommes confrontés à des prix de l’électricité excessifs de la part des entreprises publiques d’énergie, ce qui ne facilite pas non plus le passage à la mobilité électrique», déclare le président d’auto-suisse Peter Grünenfelder. Il fustige la lenteur fédérale, qui fait que les professionnels ne connaissent pas les dispositions qui seront applicables. «Dans le pire des cas, l’industrie automobile locale ne saura qu’au cours du deuxième trimestre 2025 quelles règles elle aurait dû respecter depuis le début de l’année. Une mise en vigueur rétroactive de l’ordonnance relative à la loi sur le CO2 par le Conseil fédéral serait un processus illicite contre lequel auto-suisse s’opposera par tous les moyens. Le Conseil fédéral doit définitivement reporter l’introduction des nouvelles valeurs cibles.» Ambiance…
Que veulent les Suisses?
Demandez à n’importe quel spécialiste du marketing, le pire pour la consommation est l’incertitude. Or, la Suisse n’est pas seule. Partout en Europe, les ventes de voitures électriques stagnent ou reculent. Les messages contradictoires pullulent. Plus aucune voiture thermique vendue dès 2030? Ou 2035? Ou quand même celles recourant aux carburants synthétiques? Rien pour rassurer.
De plus, l’usager a un bon sens certain et se dit souvent: «Je ne sais pas trop, alors je me fie aux valeurs sûres». Résultat: les hybrides cartonnent. Simples à utiliser, sans contrainte, elles consomment peu. De sérieux atouts en ces temps incertains...