Vente de vélos: après le boom des années Covid, la petite reine a de la peine

Rédigé par
Abdoulaye Penda Ndiaye
Société

COMMERCE • Depuis la fin de la pandémie et l’engouement inédit pour le vélo, les magasins spécialisés observent une baisse continue des ventes. Cette dernière a surtout été mal vécue par les petits magasins.

Tout le monde se souvient du marqueur temporel qu’est la pandémie. Le succès fulgurant du vélo durant cette période reste aussi gravé dans les mémoires. Alors que le papier toilette disparaissait des rayons, les deux-roues aussi connaissaient un essor inédit. Dans un monde de télétravail, de transports publics évités et d’activités sociales limitées, écologique et pratique, le vélo devenait le moyen de transport idéal. Des «coronapistes» temporaires, depuis définitives, voyaient même le jour, notamment à Lausanne et à Genève. 
De la vente à la réparation
Aujourd’hui, force est de constater que la parenthèse dorée d’il y a cinq ans relève du passé. La petite reine n’est plus la reine des cœurs. Tel est le constat de vendeurs de cycles, désemparés face à des lendemains incertains. «Par rapport aux années Covid, j’ai subi une baisse de 50% des ventes, déplore Boris Ricca, patron de l’enseigne lausannoise Cycles Ricca. D’ailleurs, depuis la fin de l’année 2024, nous avons arrêté la vente de vélos pour nous concentrer exclusivement sur la réparation». Même son de cloche de la part de Sébastien Navel, patron d’Alpi’trail à Puidoux: «Entre la pandémie et aujourd’hui, c’est le jour et la nuit. Nous avons subi une nette baisse des ventes. Les marques qui nous fournissaient du matériel sont devenues nos concurrentes, avec leurs ventes en ligne ciblées sur le client.» Après plus de dix ans d’activités, face à une morosité économique crescendo, ce magasin spécialisé dans la vente de cycles et d’équipements sportifs va bientôt disparaître. A Genève, New Bike Store note aussi cette tendance. «Durant la pandémie, il y a eu trop de demandes par rapport à l’offre. Le temps d’attente entre la commande et la réception des vélos avait augmenté. Le prix des cycles aussi. Aujourd’hui, c’est le contraire. Dans mes deux magasins, par rapport à la période Covid, il y a une baisse d’environ 15% de la vente de vélos. En revanche, les ateliers de réparation sont plus sollicités, souligne Pascal Vellas, le patron de l’enseigne. Le sur-stockage monstrueux d’après-Covid pose problème car de nombreux fabricants ou magasins  déstockent et cela pèse sur les marges. On fait du chiffre, mais beaucoup moins de bénéfice.» 
Toutefois la soupe à la grimace n’est pas de mise partout. Chez Velomania, le feu est plutôt au vert. «Nous avons vendu plus de vélos en 2024 qu’en 2023. La baisse générale des prix a surtout été profitable aux clients, qui ont pu avoir des cycles à moindre coût. Aujourd’hui, le marché s’est épuré et nous nous attendons à une belle année 2025», relève Fabien Plotnikowa, co-CEO de la plus grande enseigne romande avec treize magasins dont deux dans la région lausannoise.
Tendance nationale
Les statistiques confirment ces divers constats. Selon Velosuisse, faîtière des fournisseurs de cycles, 341’142 vélos ont été vendus en Suisse en 2024. Par rapport à 2023, la baisse est de 13,6%. «C’est le retour aux anciennes habitudes. Les gens ont renoué avec la voiture et les transports publics, relève Martin Platter, directeur de l’association. Une saturation du marché et les printemps pluvieux des deux dernières années ont contribué à ce que les stocks élevés des livraisons d’après Covid n’ont pas pu être écoulés.» Quant aux vélos électriques, ils continuent de rouler dans le sens du vent. Aujourd’hui, ils représentent 45% des ventes. D’après les prévisions, cette tendance devrait se poursuivre...

En savoir plus