Trop de médicaments finissent encore dans le lac Léman

Rédigé par
Kristell Moullec
Vaud

POLLUTION  • Chaque année, 50 tonnes de médicaments se retrouvent dans le Léman, la faute aux activités industrielles, agricoles et à la consommation humaine. Problème: les traitements de l’eau réalisés dans les stations d’épuration (STEP), notamment à Vidy, sont actuellement insuffisants pour filtrer ces types de polluants.
Lorsque l’on prend un médicament, son principe actif n’est pas forcément éliminé par notre système digestif. Des résidus, voir l’entier du produit, se retrouvent alors libérés dans le réseau des eaux usées pour atteindre les STEP. A Vidy, des pics de concentration de certains produits pharmaceutiques sont enregistrés le matin et le soir, correspondant aux moments où les habitants les prennent et les évacuent. 
Petits cours d’eau, grande pollution
A la suite des 20 km de Lausanne par exemple, des concentrations élevées d’analgésiques circulaient dans les eaux d’après les analyses réalisées à Vidy. Valeria Aloise, chargée de communication au Service de l’eau de Lausanne, confirme: «Le lac Léman contient des micropolluants à très faible concentration, incluant des résidus d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires, d’antidépresseurs, et d’agents de contraste utilisés en imagerie médicale.» La STEP de Vidy, comme les autres STEP autour du Léman, ne dispose pas encore d’un traitement spécifique des micropolluants. Les résidus des médicaments se retrouvent ainsi à faible concentration dans la nature, contaminant rivières et lacs à l’échelle mondiale. «Les pays riches, grands consommateurs de médicaments, rencontrent des concentrations élevées de produits médicamenteux en raison de la forte pression humaine sur les cours d’eau de petite taille avec un faible taux de dilution», déclare Nathalie Chèvre, écotoxicologue à l’Université de Lausanne. 
Même en faibles concentrations, ces substances peuvent provoquer des perturbations profondes de la faune et de la flore. Bien qu’il n’y ait pas de risques sanitaires immédiats pour l’homme, il est difficile de connaître l’impact de cette exposition sur une vie entière.
La modernisation des STEP est en cours
D’après une étude de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL), 73 médicaments différents ont été enregistrés dans les eaux de surface entre 2020 et 2022. Pour faire face à cette problématique, un plan a été mis en place pour doter certaines STEP de technologies avancées destinées à éliminer ces composés organiques. 
Valeria Aloise explique: «En 2016, une révision de la loi sur la protection des eaux a exigé que certaines stations améliorent leur efficacité pour traiter ces substances. Lausanne, via Epura SA, a commencé en 2015 la rénovation de la STEP de Vidy, incluant un traitement au charbon actif pour capturer un large spectre de substances.» 
Ces améliorations seront principalement appliquées aux grandes installations d’ici 2040, protégeant ainsi la faune, la flore et les ressources en eau potable. 

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