Riponne: un Lausannois relance l’idée d’une halle gourmande

Rédigé par
Fabio Bonavita
Lausanne

FOOD COURT • Après l’abandon du projet Mercador, le journaliste indépendant lausannois Jean-Marc Corset ressuscite l’idée d’un marché couvert faisant la part belle à la gastronomie locale. Une démarche citoyenne qui vise d’abord à redynamiser la place de la Riponne.

Lausanne Cités: Le projet d’une halle gourmande sur la Riponne est un vrai serpent de mer à Lausanne, pourquoi voulez-vous relancer cette idée?
Jean-Marc Corset: La Ville a enfin pris le taureau par les cornes pour remodeler la place en consultant les habitants et en lançant le concours d’idées Riponne-Tunnel en 2019. De nombreux Lausannois pensent qu’il s’agit du meilleur projet pour redonner une âme à ce désert de béton gris décrié. Quoi de plus naturel que de créer une halle gourmande dédiée aux produits du terroir là où se trouvait autrefois la Grenette (halle à blé démolie en 1933), lieu de rencontre entre ville et campagne. Un large consensus devrait se dégager autour de cette idée dans la population comme chez les «politiques» qui vantent les circuits courts, le monde agricole et leurs produits de proximité. Ce marché couvert serait une sacrée carte de visite pour redorer l’image de la place et l’animer de façon plus accueillante.  

Vous oubliez les travaux inattendus d’assainissement et de sécurisation du parking de la Riponne...
Cela ne remet pas en question l’idée d’y construire une halle gourmande à l’heure où on bâtit des immeubles-tours dans le Canton. Même si, naturellement, cela implique certaines contraintes de génie civil.

Avez-vous déjà visité ce type de halles dans d’autres villes européennes?
Les marchés couverts rencontrent un franc succès auprès des résidents et des touristes de toutes générations. A Barcelone, Madrid ou Minorque, on se régale autour des stands et bars colorés avec des poissons et crustacés accompagnés d’un verre de vin dans une ambiance joyeuse et conviviale. On apprécie tout autant ces édifices au nord de l’Europe, notamment à Belfast ou Berlin. En France, par exemple à Bordeaux, nombre de halles gourmandes ont également vu le jour ou ont été réhabilitées ces dernières années.

L’entrepreneur Thierry Wegmüller voulait y créer un «food market» installé dans les 1300 m² de l’ancien restaurant Mövenpick et finalement cela ne s’est pas fait. Quel a été votre sentiment à l’annonce de cette nouvelle?

Son projet s’inscrivait dans une même idée. Dommage, mais dans ce bâtiment austère - qui ne répondait semble-t-il plus aux normes pour la restauration - il aurait été moins adapté que dans une nouvelle halle de belle architecture sur la place.

Quels sont les atouts de la Riponne pour une halle gourmande?
Le site que je propose se trouve dans le prolongement de l’actuel marché. Ouverte du mardi au dimanche, la halle complèterait cette offre avec la restauration (type food truck) dans un endroit tempéré hiver comme été, quand la météo est dissuasive. Une telle infrastructure pourrait en outre attirer un nouveau public plus jeune. Le reste de la place pourrait être embelli par une végétalisation style tonnelles ou pergolas formant des allées tout en laissant place aux acteurs traditionnels, bouquinistes et marchands de puces.

Votre projet s’inspire de la ville d’Epinal avec une structure légère, c’est juste?
Les marchés couverts en Europe sont souvent de magnifiques bâtisses anciennes ou modernes, à l’image de celui dans cette ville des Vosges. Il est un modèle imaginable à la Riponne car il a été reconstruit au-dessus d’un parking et son architecture de métal, de verre et de bois pour la toiture - inspirée des anciennes Halles de Paris - est «légère».
  
Et votre idée est de l’installer au cœur de la place, là où sont actuellement installés les toxicomanes et les toilettes publiques, cela ne risque-t-il pas de poser problème?
Quel que soit l’aménagement décidé, il faudra des mesures adaptées à cette problématique en souffrance depuis 40 ans. On ne peut pas imaginer le futur d’une place si importante en considérant d’abord les marginaux qui y prennent leurs aises.  

Vous n’êtes ni architecte, ni restaurateur, comment comptez-vous porter ce projet pour qu’il ait une chance d’aboutir?
Comme l’a annoncé la Ville en automne dernier, nous sommes dans la phase d’études en vue du réaménagement de la Riponne. Je pense que la halle de marché devrait figurer dans le cahier des charges du concours final afin de répondre au vœu des Lausannois et d’être cohérent avec le choix du jury du premier prix du concours Riponne-Tunnel qui prévoyait une «halle de marché» à côté de la Brasserie du Château. Halle qui a disparu du projet finalement choisi pour la future place du Tunnel. C’est une opportunité unique de redonner à la Riponne son lustre avec cette bâtisse.

Quels sont vos soutiens?
Avec le concours, la balle est dans le camp de la Municipalité qui était emballée par le projet Wegmüller. Mais j’espère que la société des commerçants lausannois, les promoteurs de vins vaudois et produits du terroir comme Terre vaudoise - dont la Halle a fermé à cause de son emplacement inapproprié - ainsi que les milieux touristiques vont sortir du bois, comprenant tout l’intérêt d’une telle bâtisse pour attirer les touristes au cœur de la ville.

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