SANTÉ PUBLIQUE • Une nouvelle étude menée par OxySuisse, en collaboration avec Unisanté et Promotion Santé Valais révèle l’omniprésence de la publicité pour les produits du tabac sur les réseaux sociaux. Déguisée sous forme de contenu «cool», elle vise à normaliser la consommation de nicotine chez les ados.
Publié à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai, le rapport souligne l’urgence de protéger les jeunes face à l’industrie du tabac, qui prend principalement pour cible ces derniers, la plupart des fumeurs commençant à l’adolescence. Et quel meilleur moyen aujourd’hui que de passer par les réseaux sociaux, sachant qu’environ 98% des 12-19 ans y ont un profil?
«L’industrie n’a toujours pas changé son fusil d’épaule: son objectif reste de faire plonger le plus tôt possible les enfants dans la dépendance. Elle profite du laxisme des réglementations pour promouvoir ses produits et emploie des personnes influenceuses pour maquiller ses publicités» explique Jérémy Cros, chargé de projets en prévention du tabagisme à Unisanté et co-auteur de l’étude.
Des stratégies marketing bien rodées
On retrouve ainsi des produits nicotinés aux arômes attrayants sur les photos de ces personnalités à la mode, lors de festivals entourés d’amis ou placés dans d’autres contextes à l’image positive. La mention du caractère sponsorisé étant souvent «oubliée» par ces derniers, les enfants et ados, en quête d’identification, répliquent les comportements de ceux qu’ils valorisent. Selon une étude citée dans le rapport, ils auraient deux fois plus de risques de commencer à fumer suite à la présence du contenu promotionnel tabagique sur les réseaux comparés à ceux qui n’y sont pas exposés. En Suisse, les recherches montrent également qu’un jeune de quinze ans sur quatre a consommé une cigarette électronique au cours des 30 derniers jours.
La loi suisse à la traîne
«Ce sont surtout les puffs, les snus, et les pouches qui sont promus, des nouveaux produits parfois non soumis aux mêmes lois que les cigarettes conventionnelles, mais tout aussi addictifs et dangereux» indique Michela Canevascini, directrice adjointe de projet à OxySuisse. La Suisse est le deuxième pays au monde où l’industrie du tabac a un impact aussi considérable, promouvant ses intérêts commerciaux au détriment de la santé de la population.» La nouvelle Loi sur les produits du tabac devrait toutefois entrer en vigueur prochainement et interdire cette publicité sur les sites destinés aux mineurs.
«Les données démontrent que la publicité joue un rôle-clé dans l’entrée en consommation du tabac. Interdire la publicité du tabac est une mesure efficace pour la santé de la population. C’est ce que demande l’initiative Enfants sans tabac acceptée en 2022» explique Luc Lebon, responsable du secteur prévention du tabagisme à Unisanté.
Les efforts de sensibilisation et la législation doivent encore être renforcés pour protéger les jeunes. Sanctionner les contrevenants, surveiller les infractions sur les réseaux et assurer le contrôle des règles en vigueur font partie des autres méthodes mises en avant par l’étude.