EFFERVESCENCE • Cinéma indépendant, centre d’art, cafés et salle de spectacles jaillissent au pied des bâtiments et promettent une riche vie de quartier propice à créer du lien social. C’est parti pour un safari culturel au cœur de l’écoquartier des Plaines-du-Loup.
Le quartier a ses cohortes de fans et de détracteurs. Les premiers y habitent souvent, et les autres pas. De sa fougueuse jeunesse, il tient une courbe de croissance impressionnante et attend encore deux tiers de ses habitants, ainsi que nombre de commerces, services publics et un métro qui se la joue à l’arlésienne. Sans oublier une future maison de quartier dont la première pierre vient d’être posée et qui sera inaugurée à la fin 2025.
Cela n’empêche pas les pionniers, installés en bordure du Parc du Loup depuis l’automne 2022, d’avoir tout de suite rêvé de mixité sociale et de culture, à l’image de Prune Jaillet, la gérante du Café du Loup: «Le projet d’ouvrir un café à La Meute (ndlr: le nom de la coopérative d’habitation) a tout de suite parlé à ma fibre communautaire. Quand je suis arrivée au milieu de ce chantier, face à ce grand parc, il y avait tout à faire et à bâtir. C’était l’Amérique! C’était important d’être là dès le début pour créer de suite un lieu de rencontre. Ma plus grande satisfaction, c’est de voir qu’il y a aussi des gens des quartiers historiques des Bossons ou de Bois-Gentil qui sont venus dès l’ouverture.» Le Café du Loup est entre l’oasis et la boussole dans ce quartier qui surprend par ses dimensions et dans lequel on peut se perdre facilement avec toutes ces rues qui n’existaient pas il y a un an. Point de passage et lieu de rassemblement, c’est souvent ici que les habitants échangent idées, projets et joyeuses banalités.
Bouillon de culture
Les bâtiments, regroupés en pièces urbaines autour de larges cours intérieures, fourmillent d’activités: club de lecture, bibliothèque, ciné-club, animations pour les familles, cours de cuisine et repas partagés… D’une capacité de 150 places, La Tanière, la salle polyvalente de la Coopérative du BLED, est un bel exemple de lieu culturel participatif pensé pour et par les habitants. Il a déjà accueilli plusieurs concerts et propose en son sein des cours et des ateliers de yoga, de théâtre ou de capoeira. Gaël Cochand, un des membres du groupe de travail qui s’occupe de la salle tient à préciser: «Il est faux de dire qu’avant l’arrivée de l’écoquartier, il n’y avait rien de socioculturel ici. Il y avait déjà la Maison de Quartier des Bossons et l’Exobus à la Blécherette.»
A l’instar du BLED et de sa Tanière, les projets poussent quasiment dans chaque immeuble: tandis que la coopérative de la Codha va accueillir une nouvelle salle du Zinéma, le mythique cinéma indépendant lausannois, celle de C-Arts-Ouches prévoit aussi d’ouvrir une salle polyvalente. La toute nouvelle école vient de déployer une jolie bibliothèque et il ne faut pas oublier, bien évidemment, les nombreuses associations culturelles qui se sont installées dans le quartier, comme Reliefs ou Scala, ainsi que la future maison de quartier qui devrait voir le jour fin 2025. Le quartier compte même un centre d’art contemporain, le C-A-L-M, ouvert au sein de la Meute, juste à côté du Café du Loup. Patrick de Rham, membre du comité, explique la raison d’être de ce centre: «Le C-A-L-M est un espace de création et d’exposition à but non lucratif. Ce sont aussi les valeurs politiques de la coopérative qui s’y expriment: inclusion, critique de la société de consommation, ouverture à des modes de pensée alternatifs.»
Engagement écologique
A ces mots, on sent bien que l’engagement social et écologique est quand même une préoccupation de bon nombre des habitants de l’écoquartier. «Nous nous sommes demandés ce que nous pouvions apporter au quartier qui soit différent des lieux habituels régis par la rentabilité, confirme Patrick de Rham. Nos espaces associatifs sont des endroits où échanger, réfléchir ensemble autour d’activités non commerciales, viser le qualitatif plutôt que le quantitatif. Et puis déranger un peu, parce que quand on a choisi de s’appeler «La Meute», on a, humblement, eu envie d’influencer l’écoquartier vers un peu d’indiscipline et d’imprévu.» On l’aura compris, l’écoquartier des Plaines-du-Loup a cultivé un terreau propice à l’épanouissement de la culture sous toutes ses formes, comme autant de possibilités de tisser du lien social et de partir à la rencontre de cet être étrange et pourtant si proche, dont on se méfie parfois: le voisin.