Athletissima, la success story d’un meeting lausannois qui s'est hissé dans la cour des grands

Rédigé par
Philippe Kottelat
Lausanne

MEETING • Grand rendez-vous de l’athlétisme mondial, Athletissima fête cette année ses 50 ans. Que de chemin parcouru depuis ses débuts au Stade Pierre-de-Coubertin jusqu’à son statut de pilier de la Wanda Diamond League. Souvenirs et émotions avec son fondateur Jacky Delapierre qui prépare, sans nostalgie, sa succession.

En 1976, la Suisse romande ne comptait aucun meeting international d’athlétisme. Pour en voir un, il fallait se déplacer à Zurich. Alors que Lausanne s’apprête à inaugurer son tout nouveau stade Pierre-de-Coubertin, le «Stade Lausanne», club sportif de la ville dont les membres s’entraînent en ce lieu, est approché pour marquer d’une pierre blanche cet événement. 
Carnet d’adresses et… culot
Jacky Delapierre, alors vice-président, se souvient: «La Ville nous a contactés pour nous demander d’organiser un meeting. Comme j’avais été en équipe nationale, j’avais encore de nombreux contacts dans le milieu de l’athlétisme. On a ainsi décidé de faire une épreuve technique et deux courses dans le cadre d’un événement prévu pour être essentiellement suisse.» 
Sauf que celui qui fut l’un des meilleurs spécialistes helvétiques du 800 mètres, avait aussi conservé quelques adresses d’athlètes étrangers rencontrés lors de sa carrière. Parmi elles, celle de la star américaine du saut en hauteur Dwight Stones, avec qui il prend contact. Ce dernier accepte immédiatement de participer à la fête. Comme d’autres athlètes, notamment le champion du monde néo-zélandais du 1500 mètres John Walker et Dick Quax, vice-champion olympique du 5000 mètres. Le jour J, le 8 juillet 1977, tous ces champions sont là. Tout est prêt et tout a été prévu, sauf le déluge qui s’abat alors sur le stade. La pluie est si forte que Dwight Stones doit balayer la piste d’élan avant de pouvoir sauter, alors que d’autres athlètes s’enfoncent littéralement dans le gazon tout neuf qui vient d’être planté. 
Un détonateur 
La pluie et l’affiche présentées agissent toutefois comme un détonateur. Le succès est de mise. Quelque 6600 personnes participent à cette première. Elles seront 12’000 le 3 août suivant lors d’un second meeting voulu par les athlètes eux-mêmes. «On a dit oui tout de suite quand ils nous l’ont proposé, avant de reprendre nos esprits» enchaîne Jacky Delapierre. «À la même date, il y avait une représentation de la Fête des vignerons à Vevey, on s’est dit que personne ne viendrait à Vidy. Mais on était jeunes et insouciants, finalement on s’est lancés et ce fut une totale réussite».
Une nouvelle ère
Les meetings vont ensuite s’enchaîner, jusqu’en 1986, un tournant dans l’histoire, puisque celui de Lausanne est appelé à participer au Grand Prix qui regroupe les meilleurs meetings du monde. Cette distinction marque son passage de Vidy à la Pontaise, sous sa nouvelle appellation, Athletissima. «C’est une nouvelle ère qui commençait, poursuit Jacky Delapierre, les caméras de télévision étaient au rendez-vous et la scénographie avait été modifiée avec des performances qui se déroulaient de manière simultanée». 
Un sacré défi. La structure se professionnalise, les budgets explosent. «On entrait alors dans une autre dimension». Avec, en 2012, une première participation à la Diamond League et la consécration, le Graal, Athletissima est désigné comme le meilleur meeting mondial d’athlétisme.
Toujours la flamme
En cette année 2025, Athletissima fête ses 50 ans, synonymes d’un engagement hors pair pour l’infatigable bosseur et battant qu’est Jacky Delapierre.  À 73 ans, il a toujours la flamme, mais prépare en douceur sa succession. Julien Carrel va ainsi devenir officellement CEO du meeting d’ici la fin de l’année, sous l’œil attentif du père-fondateur. 
L’heure n’est pourtant pas à la nostalgie: «il faut regarder devant, pas derrière», dit celui qui est à l’origine du plus grand rendez-vous sportif de Suisse romande, mais plutôt aux remerciements. «D’abord ceux que je dois à ma femme, et à mes enfants, qui ont toujours été là pour me soutenir malgré les nombreuses absences dues à ma passion et puis, bien sûr, à celles et ceux qui me sont restés fidèles durant toutes ces années». 

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