
ART • Peinture, sculpture, impression textile ou encore image numérique: Vanessa Udriot est une artiste lausannoise aux multiples facettes. Entre installations urbaines et engagement pour le skateboard féminin, elle réinvente les espaces et les pratiques, en Suisse comme à l’international.
Architecte de formation, Vanessa Udriot décide il y a six ans de changer de voie professionnelle et intègre l’ECAL pour se former aux arts visuels. Elle raconte: «J’ai toujours hésité entre art et architecture. Mais après deux ans dans le métier, j’ai compris que ce n’était pas assez créatif pour moi.»
Dès lors, l’artiste à la double nationalité suisse et uruguayenne développe une pratique artistique qui bouscule les codes, où la peinture rencontre l’imagerie médicale et où la sculpture devient « skatable ».
Un dialogue entre art et médecine
En 2021, elle expose une série de gravures sur des mammographies, un vrai contraste entre l’outil de diagnostic médical et l’objet esthétique. Jouant sur ce décalage troublant, elle questionne à travers son travail la perception des images médicales, plutôt associées aux craintes et aux peurs. «Il y a une beauté dans ces images et, en même temps, c’est déroutant. On les regarde comme des œuvres, mais on sait ce qu’elles représentent. Mon travail consiste à les transformer pour leur redonner une dimension plus humaine», explique-t-elle.
Promouvoir le skate féminin
Parallèlement à son parcours artistique, Vanessa participe à des tables rondes sur la place des femmes dans l’espace public et le sport. En 2020, elle co-fonde le Lausanne Skateboard Club, une association visant à promouvoir la culture et la pratique du skate, avec une attention particulière pour la pratique féminine. En 2022, elle lance des cours hebdomadaires pour les femmes à la Halle 13 de Beaulieu.
Un engagement qui ne laisse pas l’art de côté pour autant: dans le cadre d’un concours de Visarte Vaud, elle réalise la même année une sculpture sur l’esplanade de Montbenon, aujourd’hui déplacée à Vidy.
«C’est un collage numérique à partir de scans de peintures et de fleurs cueillies dans l’espace public, intégré aux quatre éléments en béton de la sculpture conçue pour être appropriée par les passants, les enfants et les skateurs», explique-t-elle.
Un parcours en mouvement
Sa résidence récente au Japon marque une nouvelle étape dans sa recherche artistique et un lien avec sa formation d’origine. Inspirée par le papier washi et l’architecture traditionnelle, elle explore les espaces de transition entre intérieur et extérieur. «Là-bas, le vide est perçu comme une valeur positive. Cela m’a fait réfléchir sur la manière dont l’espace est géré dans nos sociétés occidentales», confie-t-elle. Fin janvier, elle a présenté une première installation à Tolochenaz.
Les prochaines étapes
Côté art, Vanessa collabore cette année avec le CHUV sur un projet autour de l’imagerie oncologique et envisage des ateliers où d’anciens patients réinterprèteraient leurs propres documents médicaux. Elle cofonde également, avec l’artiste Emanuelle Klaefiger, «Arcades», une école d’arts plastiques pour enfants et adolescents à Lausanne, sur le site muséal de Plateforme 10.
Côté sport, son engagement dépasse les frontières: elle participe à une collaboration entre Lausanne et Dakar en vue des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2026 et rejoint le conseil de direction de la fondation Skate & Beyond en Ouganda. Une artiste lausannoise à suivre de près.