Miss Suisse francophone et future avocate: Joya Landry trace son chemin

Rédigé par
Charaf Abdessemed
Société

BEAUTÉ • Établie à Lausanne et titulaire d’un master en droit, Joya Landry s’apprête à remettre sa couronne de Miss Suisse francophone le 29 juin prochain. Retour sur le parcours atypique d’une personnalité complexe qui ne manque ni de beauté ni d’intelligence.

Peu de gens savent qui elle est, même s’il arrive que certains dans la rue la reconnaissent. Réinstallée à Lausanne depuis plusieurs mois, Joya Landry, valaisanne par sa mère et vaudoise par son père, est la Miss Suisse francophone en titre, s’apprêtant d’ailleurs à remettre sa couronne le 29 juin prochain lors de la prochaine édition du concours, à Bulle. 
Mais la réduire à sa beauté serait mensonger et ne rendrait pas hommage à sa personnalité complexe, mélange d’hypersensibilité, de touchante simplicité et de blessures dont elle ne parle pas, mais que l’on soupçonne à peine refermées. 
Études en droit
Et puis il y a aussi le talent. À mille lieues du cliché qui, traditionnellement, entoure les participantes et lauréates de concours de beauté, les assimilant faussement à d’ingénues bécassines, la trentenaire a en effet une tête très bien faite. 
Après avoir décroché un bachelor, agrémenté dans la foulée d’un master en droit à l’université de Lausanne, puis suivi son stage d’avocate en tant que greffière au tribunal du district de Sion, la voici qui s’apprête à travailler comme juriste, entre Lausanne et Genève, avant de passer, bientôt, l'examen du barreau. Autant dire un parcours réussi, prometteur et authentiquement émérite. Et c’est là qu’arrive l’inévitable question: pourquoi avec un tel pedigree, cette jeune femme manifestement douée, a-t-elle souhaité participer à un concours de beauté, elle qui confesse en outre avoir eu une «enfance d’introvertie»? «Pendant mes études, j’ai eu de nombreux jobs dans un milieu juridique qui est encore majoritairement masculin, avec des codes très durs. Et à chaque fois, j’ai constaté que mon discours et mes propos passaient toujours après mon physique, ce qui en dit long» constate Joya Landry qui décide alors de s’inscrire au concours de Miss Suisse francophone, le dernier concours de beauté national en Suisse. 
«Je sais c’est un peu paradoxal pour moi qui ai une fibre féministe, et je me suis demandé si c’était judicieux par rapport à ce que je souhaitais dénoncer et exprimer, admet-elle. Mais l’idée de pousser encore plus loin le bouchon m’a séduite. Et puis, peut-être s’agissait-il aussi de me prouver quelque chose…».
300 candidates
Aussitôt dit, aussitôt fait. L’avocate en herbe s’inscrit en janvier 2024, - le concours a attiré pas moins de 300 candidates -, et à sa grande surprise, se retrouve élue six mois plus tard, retenue parmi les 30 dernières lauréates sélectionnées.
Son année de «règne», elle l’a passée, en parallèle de ses études, à… préparer l’édition 2025 du concours. Avec au programme, le coaching et la préparation des nouvelles candidates, un engagement qu’elle prend très au sérieux: «C’est une grande responsabilité pour moi car je tiens beaucoup à ce qu’elles aient un parcours le plus agréable possible explique-t-elle. Il faut donc vraiment les respecter et les préparer au concours et à ses exigences, tout en gardant un côté très humain. En cela, mon parcours en droit où j’ai étudié et pratiqué la médiation, m’a beaucoup aidée. Certaines d’entre elles ont même partagé avec moi leurs faiblesses et leurs espoirs et ce sont des moments très forts»… 
L’autre engagement d’une Miss Suisse francophone, et non des moindres, c’est aussi d’initier et de gérer des partenariats et des projets, là encore un volet très exigeant et chronophage qu’elle espère pouvoir poursuivre après l’élection de la future Miss, même si la pratique du droit reste sans aucun doute son objectif prioritaire.
Confiance…
«Cette année a changé beaucoup de choses en moi, non seulement en termes de confiance, mais aussi dans mon parcours de femme multiple conclut Joya Landry. Je me sens bien plus complète, plus en paix avec moi-même et accepte mieux mes différences, mon hypersensibilité, et même mon physique dont je mesure plus que jamais à quel point il peut aussi être un enfermement.» 

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