Les hooligans suscitent un ras-le-bol général

Rédigé par
Abdoulaye Penda Ndiaye
Lausanne

VIOLENCES • Des vrais fans de foot aux divers commerçants en passant par le monde politique, le comportement des ultras exaspère. Des solutions rapides sont exigées.

«Ce n’est plus le derby du Léman mais les débiles du Léman. Chaque fois, c’est le même cirque. Des clients qui ont réservé n’arrivent pas à accéder à mon restaurant car toute la rue est bloquée par le cortège de ces gens violents. Et ceux qui étaient en train de consommer doivent quitter car, à cause des fumigènes, on ne peut plus respirer dans mon établissement.» 

Samedi passé, quand il a vu des ultras genevois taguer la façade de son restaurant situé sur la rue Ruchonnet, Victor* a vu rouge. «J’étais hors de moi et j’ai voulu intervenir. Mais heureusement que deux amis m’ont retenu. Car j’aurais probablement été tabassé par ces gens violents», relève le restaurateur d’une quarantaine d’années. Une centaine de mètres plus loin, c’est en spectateur impuissant qu’un autre commerçant a subi des déprédations. «Lors de leur passage, des ultras se sont mis à renverser tables et chaises et à taguer les murs. Je ne comprends pas un tel degré d’imbécillité», s’est-il indigné. «Quasiment un week-end sur deux, je constate une baisse de mon chiffre d’affaires à cause du blocage de la rue lors du passage des supporters. De la répétition des faits au manque à gagner que ça induit, tout est injuste», se désole un kiosquier du quartier des Plaines-du-Loup. «Il y a des répercussions économiques sur l’activité des restaurants et des bars. On ne peut pas continuer ainsi. Il est urgent de trouver une solution à ce problème de cortège d’ultras», a réagi Alexandre Belet, président de Gastro Lausanne.

«La loi est violée»

Passionné de foot et supporter de Lausanne Sport, Me Philippe Rossy se dit «écœuré». Selon l’avocat pénaliste, un seul hooligan arrêté pourrait se voir réclamer l’ensemble des dommages subis au nom du principe de solidarité. «De l’usage accru du domaine public, aux visages encagoulés, la loi est violée. Il y a une défaillance de sécurité et d’autorité», a-t-il dénoncé. Médecin à la retraite, enfant de Lausanne et fan de foot, le Dr Jean-Jacques Goy a, lui aussi, exprimé son exaspération. En plus de la problématique de la violence des ultras, il s’est inquiété de l’usage d’engins pyrotechniques. «Les fumigènes sont délétères pour la santé des spectateurs et des joueurs. Moi-même, j’ai perdu une bonne partie de l’ouïe de l’oreille droite au stade à cause de l’explosion d’un pétard lancé par un hooligan.»n 

*prénom d’emprunt

Gauche et droite condamnent

La violence et les incivilités des ultras font réagir des élus au Conseil communal. «Ils cassent tout ce qu’ils trouvent sur leur passage. C’est totalement scandaleux. Ce sont surtout les commerçants qui subissent les dommages. Il faut identifier les fauteurs de troubles pour leur faire supporter les dommages qu’ils causent», préconise Marlène Bérard, cheffe du groupe libéral. Louis Dana, son collègue socialiste, estime qu’il faut repenser le déplacement des supporters visiteurs à leur arrivée à Lausanne. «Il faudrait un transfert en car de la gare au stade. En cas de déplacement à pied, le cortège doit être entouré par la police pour qu’il y ait des interpellations immédiatement après des faits de violence.» Chef du groupe UDC, Valentin Christe souhaite que les contrôles à l'entrée du stade soient renforcés. «Il est invraisemblable que l'on puisse s'introduire dans le stade avec de tels feux d'artifice. Il faut des sanctions pénales pour les cas de flagrant délit dans le convoi de supporters et des interdictions de stade valables plusieurs mois. En revanche, nous nous opposons aux punitions collectives telles des billets nominatifs, huis clos, etc. Ce n'est pas à la majorité des supporters de subir les conséquences du comportement d'une poignée d'imbéciles.»

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