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GASPILLAGE • Des magasins lausannois gardent leurs portes d’entrée ouvertes constamment en plein hiver. Face à ce non-sens énergétique, une base légale manque pour agir. Mais ça pourrait changer.
Laisser la porte d’entrée d’un commerce ouverte en permanence en plein hiver pour inciter la clientèle à venir. Ce procédé perdure et semble même prendre de l’ampleur en ville de Lausanne.
Début janvier, alors que les températures frôlaient le zéro degré, Lausanne Cités a relevé à diverses reprises une douzaine de lieux dans l’hypercentre qui agissaient ainsi. De la boutique de détail à l’épicerie, du magasin d’habits au cinéma Capitole de la Cinémathèque. Et il ne s’agissait pas d’un prétexte afin de laisser momentanément une file de clients entrer à la queue-leu-leu.
Directeur municipal des Services industriels, Xavier Company déplore cela: «C’est une pratique à éviter à tout prix. Le problème a été identifié tant du point énergétique que du droit du travail pour les travailleuses et travailleurs dans ces établissements.» L’élu Vert souligne que ses services ne disposent actuellement d’aucune base légale pour intervenir sur l’aspect gaspillage de la chaleur.
Débattu au Grand Conseil
«Nous avons mentionné cela dans le cadre de la consultation de la future loi vaudoise sur l’énergie et réitéré cette demande spécifique, avec ma collègue de l’Exécutif lausannois Emilie Moeschler, fin 2024, auprès du Conseiller d’Etat chargé de l’Energie, explique-t-il. Cela a amené à une modification du projet de loi actuellement débattu au Grand Conseil, qui devrait nous permettre d’avoir une base légale pour intervenir une fois ce texte et son règlement en vigueur.»
Droit du travail
En revanche, concernant le droit du travail, pour les personnes employées dans de tels lieux soumis à des températures non adéquates, la loi permet d’agir aujourd’hui, et les contrôles se poursuivent, avec divers avertissements de l’Inspection du travail de Lausanne relayés déjà dans un communiqué de presse fin 2023.
Du côté de la Société de la coopérative des commerçants de Lausanne (SCCL), sa présidente Anne-Liz Noz admet qu’il n’y a pas eu de sensibilisation particulière jusqu’à maintenant sur cette problématique.
«Les habitudes prises par les commerçants quant au fonctionnement de leurs enseignes sont de leur responsabilité personnelle, mais nous sommes prêts à étudier cette possibilité s’il y a une demande», annonce-t-elle. Et de préciser que des discussions sont menées avec les autorités à propos du projet de loi sur l’énergie débattu en ce début d’année au Grand Conseil, car cela couvre les éléments de la loi susceptibles d’impacter les commerçants.