
HISTOIRE - Selon une anecdote non vérifiée, le célèbre édifice serait issu d’un défi: bâtir une tour imitant l’ancien, avec l’apparence de l’antiquité.
«Au dessert d’un dîner dans la maison du Denantou, deux convives, Charles de Cerjat, habitant la propriété de Bienvenue, et M. Perdonnet, habitant Mon-Repos, firent à William Haldimand le pari qu’ils construiraient une tour imitant si bien l’ancien qu’elle aurait l’apparence de l’antiquité.» Le journaliste et connaisseur de l’histoire lausannoise Louis Polla (1922-2019) raconte l’anecdote, mais l’historien Marcel Grandjean rappelle «qu’aucun document ne vient [l’]étayer pour l’instant et que la chronologie paraît [la] contredire».
Fausse ruine médiévale
La tour de M. Haldimand, une fausse ruine médiévale de 1830-1831, serait donc celle qui aurait remporté ce pari, préférée à celle de Mon-Repos (1822, pourtant très réussie) et à celle de Rovéréaz (1830, aujourd’hui disparue).
Histoire vraie ou fausse, ce type de construction est assez caractéristique d’un parc paysager romantique, on pourrait citer également le poulailler du Désert ou la «chapelle» de Dessous-les-Roches à Vennes. Le riche banquier retraité et mécène anglais William Haldimand (1784-1862) était propriétaire de la campagne du Denantou depuis 1818.
La tour se dressait, très pittoresque, sur une langue de terre, au-delà de l’embouchure de la Vuachère, entourée des vestiges d’une enceinte. Les outrages du temps, la construction du quai et la rectification du cours d’eau lui ont depuis ôté beaucoup de son charme. Elle s’est retrouvée à garnir le centre d’un giratoire au bout du quai et, en concession au modernisme, elle est équipée d’antennes pour la téléphonie mobile. La légende du panneau explicatif sur place ajoute, cyniquement: «Sa valeur de signal dans le paysage s’en trouve symboliquement renforcée».
Lieu de drague
Haldimand ouvrit le parc de sa propriété au public de son vivant, bien avant l’achat du domaine par la ville en 1928. Le jour, c’est un magnifique parc à l’anglaise, avec vue et avec un clinquant temple thaïlandais et, dès la nuit tombée, il devient un lieu de drague homosexuelle à l’entrée côté Ouchy, près du Faune.
Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer», de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com
Disponible en librairie.