
RICHESSES - Ce qui est peut-être vrai pour les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne à propos de la fortune et des inégalités, l’est-il aussi pour la Suisse ?
Les médias reparlent des inégalités de fortune en Suisse. Le Temps a mentionné récemment une étude qui affirme que ces inégalités sont en hausse en Suisse, et qu’elles seraient même plus fortes qu’aux Etats-Unis. Au Parlement, les défenseurs d’une initiative déposée par les Jeunes socialistes s’appuient sur ces affirmations pour réclamer un très lourd impôt sur les successions importantes.
Ce discours général est volontiers tenu pour vrai. Divers économistes, comme le Français Thomas Piketty, dénoncent depuis plusieurs années une évolution mondiale qui irait dans ce sens. Mais ce qui est peut-être vrai (les travaux de Piketty sont contestés par certains) pour les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, l’est-il aussi pour la Suisse?
Tenir compte de la prévoyance
Les statistiques mondiales portant sur la fortune se basent sur la fortune imposable. Or la Suisse a développé la prévoyance professionnelle, qui n’est justement pas imposable pendant la vie active. Le 2e pilier contient globalement 1200 milliards de francs qui n’apparaissent pas sur les déclarations d’impôt. Et pour de nombreux travailleurs, c’est leur plus grande fortune. Si l’on tient compte de cette richesse différée, l’image des inégalités est différente. Les plus riches ne détiennent pas 40% de la fortune totale, comme on l’entend souvent dire, mais moins de 30%.