
MOBILITÉ • Valse des marquages au sol, arrêts des TL gênés ou déplacés, vacarme nocturne de bus à moteur thermique: un chantier au centre de Lausanne cause de nombreux désagréments depuis plus d’un mois. Explications.
Des centaines d’habitants le long de l’avenue de Juste-Olivier profitaient enfin d’une tranquillité, notamment en soirée, depuis le début de l’année et l’électrification des lignes des TL au carrefour avec le haut de l’avenue de la Gare. Ils avaient subi durant trois ans un déluge de décibels à cause des rames de bus de la ligne 21 qui ne pouvaient utiliser leurs perches pour circuler. Leurs moteurs thermiques rugissaient sur les pentes du quartier jusqu’à passé minuit et demi dans la capitale vaudoise où les autorités politiques se vantent pourtant de traquer la pollution sonore.
Ce répit n’aura pas duré longtemps. Avec les lourds travaux à l’avenue de Georgette pour y installer le chauffage à distance (avant de déborder sur une section de la très fréquentée avenue de Rumine dans quelques mois), la voie réservée aux transports publics y est condamnée.
Certains bus ne parviennent dès lors plus à traverser cette avenue avec les perches dressées pour se brancher aux câbles électriques. C’est le cas de la ligne 8. Depuis un mois, les chauffeurs circulent entre les avenues Juste-Olivier et du Théâtre, où un arrêt a été déplacé temporairement, en roulant avec leurs moteurs à plein régime en raison de la déclivité et des démarrages en côte. Et ce sont davantage de riverains qui souffrent de ce nouveau vacarme.
Un vacarme assumé
Contactés, les TL disent regretter ces désagréments et expliquent: «Nous exploitons l’offre de transport prévue avec une typologie de véhicules affectée à chaque ligne en fonction des disponibilités, des contraintes et des besoins, y compris la topographie.» Les véhicules engagés sur la ligne 8 sont des trolleybus avec des moteurs d’appoint thermiques. A terme, ils seront remplacés par des véhicules avec des moteurs électriques, plus silencieux, sur l’ensemble du réseau lausannois. «Nous n’en avons pas encore en suffisance pour desservir toutes les lignes», précise le porte-parole Martial Messeiller. Pourquoi ne pas les utiliser de nuit sur cette ligne? «Les rocades de matériel entre les lignes sont très limitées et pas possibles pour quelques heures seulement», selon les TL. Quant aux travaux à Georgette, ils vont durer jusqu’à fin mai d’après la Ville.
Autre conséquence constatée sur cet axe, la valse des marquages au sol et l’agacement de chauffeurs de bus. Certains n’ont pas hésité à klaxonner contre des voitures arrêtées aux feux, occupant la voie jaune des bus et bloquant l’arrêt Georgette en descendant. Pourtant, ces conducteurs privés n’avaient commis aucune erreur: le Service des routes avait modifié en ce sens le marquage rouge de déviation, afin d’éviter des bouchons sur une unique voie de cette avenue. Mais cela retardait les trolleybus… A se demander si la Ville se coordonne avec les TL dans ce type de situation, afin de sonder son avis. «Les services municipaux échangent les informations nécessaires avec notre équipe de coordination chantier pour pouvoir s’adapter et assurer l’exploitation au quotidien», précise les TL.
Avant de souligner toutefois que «tout ce qui concerne la gestion des routes est de la responsabilité de la Ville.» Quelques jours plus tard, le marquage a de nouveau été modifié afin de libérer cette voie des trolleybus. La porte-parole des Services industriels lausannois (SIL) précise de son côté qu’une séance de coordination a lieu chaque semaine «avec les TL, la police et les autres entités concernées par ce chantier».
«Une situation pas idéale»
Quant à l’arrêt de l’avenue du Théâtre en direction de la place Saint-François, il a été rallongé afin de pouvoir accueillir trois lignes en plus qui ne peuvent plus effectuer leur arrêt à Georgette sur l’avenue du même nom durant les travaux. Le hic est qu’hormis une moquette rouge étalée sur environ 30 mètres après cet abribus, aucun panneau n’indique clairement aux usagers jusqu’où s’arrêtent les véhicules. Il est ainsi fréquent de voir des passagers courir le long de ce trottoir afin de monter à bord.
Un correctif est-il prévu afin d’améliorer la situation? Non, répondent les TL, qui admettent cependant que la «situation n’est pas idéale», mais elle n’est que temporaire. «Pour ces quelques mois de travaux, le fonctionnement de ce quai a dû être pensé au plus simple en raison de l’impossibilité des trolleys de se dépasser à cet endroit, explique le service de presse de l’entreprise de transport public. Dans cette configuration, il n’est pas possible de définir des lignes qui effectuent leur arrêt au début du quai et d’autres qui l’effectueraient à la fin du quai et de l’indiquer à la clientèle. La règle pour les conducteurs est que le premier bus arrivé se positionne tout en haut de l’arrêt. Nous sommes conscients que cela peut créer de la surprise pour les personnes qui attendent à la hauteur de l’abribus et qui voient le bus s’arrêter 20 mètres plus loin. Cependant, notre personnel de conduite fait en sorte, dans la mesure du possible, d’attendre que toutes les personnes qui se dirigent vers le véhicule soient à bord avant de repartir.»
À noter qu’avec la tournure des travaux à l’angle des avenues Georgette/Rumine, un autre arrêt de bus y est hors services pour quelques semaines.