Energie photovoltaïque: «Cela ne vaudra vraiment plus la peine d’investir!»

Rédigé par
Joëlle Tille
Vaud

ÉNERGIE • La future baisse des tarifs de reprise de l’électricité issue du photovoltaïque pourrait mettre en péril les objectifs de transition énergétique, selon le conseiller aux Etats Pascal Broulis. Explications sur le terrain avec l’exemple de la commune de St-Prex.  

«Si nous ne pouvons pas revendre notre courant à un prix minimum acceptable, cela ne vaudra vraiment plus la peine d’investir au-delà de ce qui couvre uniquement notre autoconsommation.» Pour Jan von Overbeck, municipal en charge des bâtiments et des énergies de la commune de St-Prex, le constat est clair. Avec le tarif de reprise minimum prévu par la Confédération, «nous aurons de la peine à justifier auprès du Conseil communal des projets dont la production dépasse notre consommation propre car la durée d’amortissement de l’installation deviendrait trop longue», précise-t-il. 
Tarif minimum trop faible
Explications: aujourd’hui, les propriétaires de panneaux photovoltaïques peuvent revendre le surplus de courant qu’ils produisent aux distributeurs d’électricité de leur commune, qui le réinjectent dans le circuit. Pour la commune de St-Prex, le tarif de reprise se situe aujourd’hui à 17 cts/kWh. Mais il n’est pas partout le même: il peut changer en fonction du lieu d’habitation et surtout, du fournisseur qui rachète le courant. Pour harmoniser cela, le Conseil fédéral, dans un projet d’ordonnance mis en consultation, planche sur un tarif de reprise minimum qui s’appliquera faute d’accord entre le producteur et l’entreprise qui rachète l’électricité. Actuellement, il parle de 4,7 cts par kilowattheure (kWh). Une aberration, selon Jan von Overbeck. «Le prix idéal pour éviter un choc négatif se situerait autour des 8-9 cts/kWh», estime quant à lui le conseiller aux Etats PLR Pascal Broulis, qui vient de déposer une interpellation à ce sujet auprès de la Chambre des Cantons. Il demande au gouvernement de réévaluer sa baisse de tarifs, au moins pour une période transitoire de trois ou quatre ans. Ceci afin d’éviter de casser la dynamique positive actuelle de développement de l’énergie photovoltaïque. 
Des projets menacés
La commune de St-Prex est un bon exemple de cette dynamique positive. Depuis le début de la législature, les autorités ont mis le paquet sur les projets photovoltaïques; cinq au total, dont deux déjà en activité. Installés sur des bâtiments publics, ces infrastructures représentent une surface de 3629 m2 pour 762’000 kWh de production électrique et un investissement de près de 2,2 millions de francs. Des projets qui ont facilement passé la rampe du législatif puisqu’avec un courant essentiellement autoconsommé, ils contribuent à faire baisser la facture d’électricité de la commune.
Mais la prochaine étape consistait à installer des panneaux photovoltaïques sur environ 4000 m2 de toits d’entrepôts ne nécessitant pas d’autoconsommation. Avec le tarif de reprise minimum aujourd’hui retenu par le Conseil fédéral, la commune serait sans garantie de pouvoir revendre ce courant sans subir des pertes financières. «A moins qu’on ne se concentre uniquement sur des bâtiments où l’on consomme la totalité de ce qui est produit, cette ordonnance nous bloquera dans l’incitation à poser des panneaux photovoltaïques et ce sera un frein au développement des énergies renouvelables», conclut-il. L’entrée en vigueur de l’ordonnance, une fois finalisée, est prévue pour le 1er janvier 2026. 

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