Conseil des Etats: un binôme PS-PLR ou un ticket rose-vert?

Comme lors des dernières élections de 2015, quinze prétendants sont en lice pour les deux sièges vaudois du Conseil des Etats. Trois favoris se détachent toutefois nettement: le PLR sortant Olivier Français, la socialiste Ada Marra et la Verte Adèle Thorens.

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L’enjeu se noue autour de la reconduction d’un binôme PS-PLR ou la mise en place d’un ticket rose-vert. Les protagonistes de cet affrontement électoral ont répondu à nos questions.

Olivier Français

Ancien Municipal lausannois, Olivier Français est conseiller aux Etats depuis 2015 après avoir siégé au National durant 8 ans.

Lausanne Cités: Vous souhaitez que les Vaudois vous reconduisent aux Etats après une première législature. Quel est votre bilan?

Olivier Français: J’ai présidé la commission des transports et des télécommunications, ce qui m’a permis entre autres d’imposer le concept de la croix fédérale de la mobilité qui garantit à terme l’égalité de traitement dans toutes les régions, sur les critères de dimensionnement de l’infrastructure ferroviaire. De plus, j’ai pu apporter plusieurs modifications à la nouvelle loi sur les marchés publics afin d’assurer une concurrence qualitative et un meilleur contrôle du travail au noir. Enfin, la garantie que d’ici 2030, la totalité du patrimoine immobilier de la Confédération soit électriquement autonome.

Avec 2 candidats UDC en lice, vous n’avez qu’une infime chance d’être élu au premier tour. Comment convaincre les indécis pour le 2e tour?

En affirmant ma volonté de défendre la liberté d’entreprendre et le respect de nos différences.

En quoi est-il important pour le Canton d’avoir un sénateur de droite aux Chambres fédérales?

Les Vaudoises et les Vaudois doivent être représentés selon leur choix politique. La droite et le centre droit sont des forces politiques importantes, tout comme les forces de gauche ont une place non négligeable dans l’échiquier politique vaudois. Aux électeurs de choisir...

Vous avez affiché votre préférence pour siéger avec la socialiste Ada Marra plutôt qu’avec la verte Adèle Thorens...

Cette question portait sur le deuxième tour! Je n’ai pas de préférence sur les personnes, et les deux personnalités citées ont le même profil politique! Mais durant ma vie politique, j’ai pu trouver des consensus avec l’UDC et/ou le parti socialiste, rarement avec les Verts.

Adèle Thorens

Adèle Thorens Goumaz est conseillère nationale depuis décembre 2007. Elle a été coprésidente des Verts de 2012 à 2016.

Lausanne Cités: Que pouvez-vous apporter de plus, en tant que Verte, à une autre Chambre fédérale très marquée à droite?

Adèle Thorens: Nous avons besoin d’écologistes dans les deux Chambres. J’ai obtenu des succès au Conseil national, lui aussi très à droite, contre le glyphosate, pour une gestion durable des plastiques et pour la finance durable. Je sais travailler avec tous et créer des majorités.

En quoi les enjeux au Conseil des Etats sont-ils différents de ceux de la Chambre basse?

Les élus défendent leur canton autant que leur parti. Cela permet des échanges moins idéologiques, plus favorables aux compromis.

Vous avancez sur un ticket rose-vert avec Ada Marra. Ne serait-il pas normal, au vu de l’équilibre politique vaudois, qu’un ticket gauche-droite soit reconduit?

Nous faisons une proposition aux Vaudois-e-s, à eux de décider de la manière dont ils veulent être représentés. Ils ont déjà choisi de l’être par une socialiste et un Vert pendant huit ans.

Avec Ada Marra, vous souhaitez incarner la «modernité» vaudoise aux Etats. Est-ce que le représentant de la droite qui y siège est un homme d’un autre temps?

Nous nous engageons pour un projet commun, pas contre une personne. Les Vaudois-e-s ont manifesté par dizaines de milliers pour demander plus de protection du climat et d’égalité. Nous défendons ces objectifs depuis des années et sommmes à même de répondre à leurs attentes.

Air frais, l'éditorial de Charaf Abdessemed

Quel duo émérite va-t-il remplacer le ticket Français-Savary au Conseil des Etats lors de la prochaine élection fédérale (lire notre dossier en page 7)? Commençons par les sortants, avec d’abord, un mot pour la socialiste Géraldine Savary, parlementaire de qualité et de conviction qui n’a pas démérité, mais qui se retrouve éjectée de la course après une imprudence qui, à ce niveau-là, ne pardonne pas.

Quant à l’autre sénateur sortant, le PLR Olivier Français, lui aussi n’a pas à rougir de son bilan, faisant preuve d’une véritable maîtrise de ses dossiers et d’une expertise que personne ne lui conteste. Il souhaite rempiler, mais sa réélection est loin d’être garantie, tant à droite les candidats UDC risquent de lui grignoter de préciseuses voix, tandis qu’à gauche le duo Marra-Thorens, progressiste et féminin a bien des arguments à défendre et pourrait consacrer le retour d’un ticket de gauche à la chambre haute du parlement fédéral.

Quoi qu’il arrive, sur les 15 candidats vaudois aux Etats, il y a fort à parier que les 2 gagnants figureront parmi le trio évoqué ci-dessus. Marra-Français, Marra-Thorens, ou moins vraisemblablement Thorens-Français. Seulement voilà: si le résultat variera par la coloration politique de nos représentants, il ne brillera pas par leur incarnation du renouvellement. Car tous les trois sont déjà de vieux routiers de la politique fédérale. Entre les Etats et le National, chacun d’entre eux y a déjà siégé 12 ans!

C’est peut-être bien pour un sénat où l’expérience est de rigueur, mais c’est moins bien pour un canton où la classe politique est vivante, dynamique et riche, à droite comme à gauche, de personnalités nouvelles susceptibles d’apporter un petit air frais et bienvenu à une assemblée déjà largement réputée pour son conservatisme.