Cloner son animal de compagnie: c’est possible!

CLONAGE • Une société romande propose aux personnes intéressées de faire cloner leur chien ou leur chat. Mais ses activités soulèvent de nombreuses questions, tant légales qu’éthiques. Car, même s’il est effectué à l’étranger, le clonage est soumis à autorisation.

  • Le prix proposé par Swisspetcloning.ch pour cloner un chat se monte à 36’330 francs. 123 RF

    Le prix proposé par Swisspetcloning.ch pour cloner un chat se monte à 36’330 francs. 123 RF

Faire le deuil d’un animal de compagnie peut s’avérer une épreuve extrêmement douloureuse. Trop, parfois. Au point de pousser certains à vouloir le voir renaître? C’est en tout cas le pari que s’est lancé Swiss Pet Cloning: proposer à ceux qui le souhaitent de faire cloner leur chat ou leur chien. Basée à Genève, la société vise une clientèle suisse et notamment vaudoise. «Nous ne procédons pas à l’intervention à proprement parler, explique Paul*, cofondateur du site swisspetcloning.ch, en ligne depuis janvier. Nous sommes là pour conseiller les gens.» Swiss Pet Cloning déclare, sur son site, bénéficier d’un réseau de cliniques, de vétérinaires et de chercheurs sélectionnés avec le plus grand soin. Un vétérinaire effectuera le prélèvement des cellules souches. Ensuite, celles-ci seront envoyées dans une clinique. Elles seront cultivées, puis inséminées dans une mère porteuse.

Intervention coûteuse

Deux mois après la naissance, l’animal pourra être récupéré par son propriétaire. Montant de l’intervention: 55’000 dollars américains (49’950 francs) pour un chien, 40’000 dollars (36’330 francs) pour un chat. Une coquette somme. Mais qui sont ces chercheurs et où se situent ces cliniques? Rien ne l’indique et Paul reste très évasif: «Les laboratoires se trouvent aux Etats-Unis et en Asie.» Le vétérinaire cantonal genevois, Michel Rérat, ne cache pas sa surprise: «Nous avons pris connaissance des activités de cette société via sa campagne de recrutement de partenaires, explique-t-il. A aucun moment, les fondateurs n’ont approché le Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) pour connaître le cadre légal de ces activités.» Car en Suisse, le clonage tombe sous la législation sur l’expérimentation animale.

Autorisation nécessaire

«La loi sur la protection des animaux est très claire: les expériences doivent être limitées à l’indispensable et dans un but scientifique, précise Michel Rérat. Nous sommes donc hors de ce cadre dans le cas de clonage d’animaux de compagnie privés.» Swiss Pet Cloning assure, de son côté, respecter la loi, puisque le clonage à proprement parler ne sera pas effectué en Suisse. Mais il faut toutefois qu’un vétérinaire prélève les cellules souches. Ce qui pose problème. «Cet acte est considéré comme de l’expérimentation animale et donc soumis à autorisation», affirme Michel Rérat.

Bien-être des animaux

Le procédé n’est par ailleurs pas sans risques. «Selon les études en sciences agricoles, le taux de réussite est relativement faible et les animaux produits par clonage peuvent souffrir de malformations ou de diverses maladies, précise le vétérinaire cantonal. La mortalité embryonnaire est élevée, et la mise bas peut être plus difficile vu que certains animaux naissent plus lourds ou plus grands que les standards de la race de la mère porteuse.»

Le clonage pose aussi clairement une question éthique d’un point de vue de santé et de bien-être des animaux, tant aux détenteurs qu’aux vétérinaires, selon lui. Swiss Pet Cloning a été contacté par le SCAV pour clarifier la situation. Paul nous a assuré que lui et son associé allaient répondre «ces prochains jours». Il ajoute: «L’entrepreneuriat implique de sans cesse se justifier auprès des autorités. Je ne reviendrai toutefois pas à une vie d’employé. Selon moi, il faut suivre ses rêves.»

*prénom d’emprunt