«Ce sera là !» C'est en traçant une croix sur le sol, en 1703, que Pierre le Grand annonce la création de sa ville. «Là», c'est encore une vaste étendue marécageuse, pas vraiment le lieu idéal pour édifier une nouvelle capitale. Mais le tsar de toutes les Russies, celui qui en impose par sa stature - 203 cm - et son autorité, est déterminé. Il déteste Moscou, construite en bois. Saint-Pétersbourg sera en pierre.
Cité radieuse
Une décennie et quelque cent mille morts plus tard - prisonniers de guerre, serfs et ouvriers - c'est une cité radieuse qui se reflète dans les eaux de la Neva. Plans, dimensions, matériaux, hauteur des bâtiments, tout a été réglementé dans l'esprit pointilleux du souverain. Afin de répondre à son penchant pour le style hollandais, son architecte favori - l'Italien Trezzini - a tracé de larges avenues rectilignes, bordées de monuments aux lignes simples et sévères, mais très colorés.Saint-Pétersbourg ne tardera pas à devenir mythique, à travers les récits d'écrivains comme Pouchkine ou Dostoïevski… jusqu'à Dumas, qui, emboîtant le pas aux véritables voyageurs, vantera les beautés de la cité aux 500 ponts sans les avoir jamais foulés. N'est-ce pas l'un des charmes les plus puissants de ce joyau inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco que de nous faire voyager ainsi à travers l'Histoire et les histoires? Partir à sa découverte (voir encadré), c'est se laisser entrainer le long de la perspective Nevski jusqu'aux quais du fleuve, c'est découvrir à droite le palais de l'Ermitage, c'est contempler sur l'autre rive l'académie des sciences, la bourse de la Mer, l'université… autant de façades poussiéreuses à la fin du XXe siècle, et qui ont retrouvé leur éclat au tournant du nouveau millénaire.
Palaces
Même les palaces se sont métamorphosés à la manière de l'Hôtel Europe, fleuron de la collection Orient-Express. Y ajouter sa signature au livre d'or, derrière celles de Bill Clinton, Richard Gere ou Sharon Stone devient un privilège quasi accessible lorsque l'automne accorde les arbres de Saint-Pétersbourg au doré de ses coupoles. La chute des feuilles entraînant celle des prix, un internaute averti devrait être capable de bien négocier une chambre dans cet orgueilleux bâtiment Art Nouveau qui fut orphelinat lors de la Révolution et hôpital durant le siège de Leningrad… peut-être pas celle où Tchaïkovski passa sa lune de miel, mais certainement l'une de ces adorables alcôves plongeant sur les palais voisins, où le mobilier d'époque dissimule un équipement high-tech.