Lève toi et marche : un patient atteint de Parkinson marche à nouveau !

CHUV - Opéré à Lausanne, un patient français atteint de la maladie de parkinson depuis plus d’une vingtaine d’années a reçu une neuroprothèse qui lui permet à nouveau de marcher.

  • Grâce à une programmation ciblée des stimulations de la moelle épinière qui s’adaptent en temps réel à ses mouvements, Marc a rapidement vu ses troubles dûs à la maladie de Parkinson de la marche s’estomper. CHUV 2022 | WEBER Gilles

Des neuroscientifiques et neurochirurgiens de l’EPFL/CHUV/UNIL, de l'Inserm et de l’Université de Bordeaux ont conçu une neuroprothèse destinée à corriger les troubles de la marche associés à la maladie de Parkinson. Il y a deux ans un premier patient, âgé de 62 ans a été opéré au CHUV. Après une intervention neurochirurgicale de précision, Marc, originaire de Bordeaux, était équipé de cette nouvelle neuroprothèse constituée d’un champ d’électrodes placé contre la région de sa moelle épinière qui contrôle la marche, et d’un générateur d’impulsions électriques implanté sous la peau de son abdomen.

Grâce à une programmation ciblée des stimulations de la moelle épinière qui s’adaptent en temps réel à ses mouvements, Marc a rapidement vu ses troubles de la marche s’estomper. Après une rééducation de quelques semaines avec la neuroprothèse, il a retrouvé une marche presque normale. Aujourd’hui, il utilise sa neuroprothèse environ 8 heures par jour, ne l’éteignant que lorsqu’il est assis pour une longue période ou lorsqu’il dort : « J’allume la stimulation le matin et je l’éteins le soir. Ça me permet de mieux marcher, de me stabiliser. Même les escaliers ne me font plus peur à présent. Tous les dimanches je vais au bord du lac, et je marche environ 6 kilomètres. C’est génial ».

Plusieurs années de recherche

Dans une étude publiée dans Nature Medicine, les scientifiques détaillent le processus de développement de la neuroprothèse qui a permis de traiter un premier patient atteint de la maladie de Parkinson, lui permettant de marcher avec fluidité, confiance et sans chute.« L’idée de développer une neuroprothèse stimulant électriquement la moelle épinière pour harmoniser la démarche et corriger les troubles locomoteurs de patients parkinsoniens est le fruit de plusieurs années de recherche sur le traitement de la paralysie due aux lésions médullaires », explique Grégoire Courtine, Professeur en Neurosciences à l'EPFL, au CHUV, et à l'UNIL. Contrairement aux traitements conventionnels de la maladie de Parkinson qui ciblent les régions du cerveau directement affectées par la perte des neurones producteurs de dopamine, cette neuroprothèse vise la zone de la moelle épinière responsable de l'activation des muscles des jambes pendant la marche, et qui n’est a priori pas directement affectée par la maladie de Parkinson. 

Cette neuroprothèse ouvre de nouvelles perspectives pour traiter les troubles de la marche dont souffrent de nombreuses personnes atteintes de la maladie de Parkinson mais à ce stade, ce concept thérapeutique a démontré son efficacité chez une seule personne, avec un implant qui doit encore être optimisé pour un déploiement à grande échelle