Monsanto: une présence insupportable

OGM • Il y a peu, plus de 4000 personnes se sont mobilisées en Suisse pour protester contre Monsanto et plus généralement contre les OGM et les pesticides. A Morges, où la multinationale est implantée, cette présence dérange tout le monde, sauf les autorités…

«Monsanto, je ne te veux pas dans mon frigo», «Affameurs dégagez», «Monsanto assassine, l’Etat s’incline», les manifestants présents à Morges lors de la manifestation du mois de mai dernier n’étaient pas tendres avec la multinationale.

Quelques semaines plus tard, que reste-t-il de cette action? Une grosse colère et une envie profonde de maintenir la pression. «C’est difficile de les faire partir, déplore Pierre-Alain Jaquet, président des Verts morgiens. Ce que nous critiquons, c’est le recours systématique aux OGM et aux pesticides. De plus, la multinationale rend les paysans dépendants aux produits chimiques. C’est intolérable!»

«Pas normal»

Cette colère, le porte-parole de Monsanto, Brandon Mitchener, basé à Bruxelles, ne la comprend pas: «Nous avons pris acte de ces manifestations, mais ce qui n’est pas normal, c’est que les Verts de Morges se sont impliqués alors qu’ils sont à la Municipalité. Ils sont simplement opposés à toute forme d’agriculture moderne. Mais ces oppositions ne nous ferons pas partir, tout le monde a le droit de s’exprimer librement. Cependant, nous sommes déçus de constater que beaucoup des accusations sont basées sur des faits erronés. Monsanto ne vend rien de nocif pour l’environnement ou la santé.»

Récemment pourtant, le désherbant phare de Monsanto, le Roundup a été classé dans la catégorie des cancérogènes probables par l’Organisation mondiale de la santé.

Pieds et mains liés

Pour l’exécutif morgien, la présence de la multinationale ne dérange pas vraiment. Au contraire. «Certes, Monsanto est une société critiquée dans le monde, note le syndic Vincent Jaques. Cependant, on parle tout de même de 200 emplois pour la région, il ne faut pas l’oublier. Et il n’y a pas de base juridique qui nous permettrait de les faire partir, et l’industrie du tabac qui est implantée un peu partout en Suisse a certainement fait davantage de dégâts que les OGM ou les pesticides et personne ne dit rien. Pour mettre un terme à la polémique, j’ai décidé de rencontrer ces prochaines semaines les dirigeants de Monsanto afin de connaître leur point de vue et pour trouver une solution qui rende la situation plus apaisée.»

Soutenue par diverses organisations comme Greenpeace ou Attac, la manifestation morgienne contre Monsanto aura donc tout de même poussé les autorités à prendre contact avec le géant américain spécialisé dans les biotechnologies agricoles. Une première victoire, même si elle risque d’être avant tout symbolique…