100% de taxis électriques en 2025?
 On est encore loin du compte!

TRANSITION • Alors que la Ville de Lausanne et le Canton mettent en avant leurs dispositifs de soutien, des chauffeurs et entreprises de taxi affirment ne pas pouvoir tenir l’échéance du 
1er juillet 2025 pour acquérir des véhicules électriques, en raison de coûts prohibitifs.

  • L’immense majorité des taxis fonctionne toujours à l’énergie thermique. Photo Verissimo

A un peu plus d’une année de l’échéance, bien des interrogations demeurent. Au 1er juillet 2025 en effet, l’ensemble des taxis de Lausanne et son agglomération devront être passés au «zéro émission» de CO2, les propriétaires d’un véhicule acquis entre le 1er janvier 2019 et le 1er juillet 2021 bénéficiant d’une prolongation de délai jusqu’au 1er juillet 2027.
Au 31 décembre dernier en tout cas, seuls 21 taxis électriques étaient en circulation, ce qui semble fort peu au regard d’un parc qui compte 291 véhicules. «C’est évident, nous ne serons pas prêts pour le 1er juillet 2025, pronostique Abdelhamid Akrimi, président de l'Union des taxis lausannois. Ceux qui ont déjà changé pour l’électrique sont ceux dont le précédent véhicule était en fin de vie. Les autres attendent, car le prix d’un véhicule électrique est clairement prohibitif surtout que nous devons acquérir des voitures avec un certain gabarit puisqu’il faut pouvoir transporter des bagages». «Moi non plus je ne serai pas prêt, renchérit Cédric Delorme patron de la société Taxis Modernes. J’ai 17 véhicules, ce qui impliquerait un investissement de 650 000 francs au moins pour les changer. Comme je ne suis pas propriétaire de mes locaux, il faut aussi que la gérance accepte d’installer des bornes électriques que je devrai également financer, ce qui est loin d’être gagné.  Sans un coup de pouce des autorités, c’est clair que je n’y arriverai pas ».
«Répercussions positives»
La Ville de son côté, se veut bien moins pessimiste. «Ce changement aura des répercussions positives pour les propriétaires de ces véhicules, vu la diminution du montant de la taxe véhicule perçue par le Canton de Vaud et la baisse des coûts d’entretien, explique Pierre-Antoine Hildbrand (médaillon), municipal lausannois et président du comité de l'Association des communes de la région lausannoise pour la réglementation du service des taxis. Notre comité a en outre assoupli les règles relatives à l’affectation des véhicules. Il n’est notamment plus obligatoire d’être propriétaire du véhicule. Cela permet de réduire les coûts de changement des véhicules thermiques grâce à la location ou le leasing, et de renouveler plus facilement la flotte». Et d’ajouter: «Une collaboration avec les SIL a en outre permis d’informer la profession sur des solutions de recharge pour les taxis avec parking commun intérieur, en regroupant les demandes et obtentions de subventions.»
Pour encourageants qu’ils soient ces propos ne suffisent pas à rassurer la profession: «Outre la question de l’acquisition des véhicules, il y a un problème de rentabilité future qui n’est pas réglé, ajoute Cédric Delorme. Pour être rentable, il me faut un taux de remplissage de 75% de mes véhicules et ce, 7 jours sur 7. Où trouver dans ce cas le temps de recharger les véhicules, et ce alors même que les bornes sont notoirement insuffisantes?»
Pourparlers avec le Canton
La question des bornes de recharge pourrait en tout cas être réglée par un coup de pouce du Canton. «Lors d’un échange avec des représentants des taxis, la Cheffe de département Isabelle Moret a fait référence à deux formes de soutien en faveur du développement de la mobilité électrique, confirme Pascal Chavent, délégué à la communication du Département de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine. L’un concerne les mesures de soutien de la Direction générale de l’énergie pour la pose de bornes de recharge électrique, l’autre sur la possibilité de mettre sur pied des projets collaboratifs durables, financés via le Fonds de soutien à l’économie durable».
L’hydrogène écarté
«Pour ma part je suis persuadé qu’on ne tiendra l’échéance du zéro émission carbone qu’en ayant recours à l’hydrogène», observe Cédric Delorme. Sauf que cette option, pourtant retenue au départ par l’Association des communes de la région lausannoise pour le règlementation du service des taxis n’a plus le vent en poupe. «Le Comité de direction a analysé la possibilité de l’hydrogène explique Pierre-Antoine Hildbrand. Toutefois, il s’est avéré que la production et le ravitaillement étaient complexes et pas suffisamment accessibles à ce jour».

Pas de délai supplémentaire

Anticipant l’échéance du 1er juillet 2025, certains taxis ont demandé que ce délai jugé trop court, soit repoussé. Pas question explique Pierre-Antoine Hidlbrand. «Lors du changement de la réglementation imposant le zéro émission de CO2, une réflexion a été menée afin de fixer la date butoir et laisser le temps nécessaire aux chauffeurs pour s’adapter. La limite de cinq ans a été fixée par une étude effectuée sur l’ensemble du parc de taxis. Il en est ressorti que la moitié des véhicules avaient plus de cinq ans et l’autre moitié moins. Les chiffres du parc de véhicules suisses ont également été examinés, à savoir au moment où les gens renouvellent leur véhicule: la majorité des conducteurs change de véhicule entre quatre à six ans».