Le canton de Vaud passe la seconde pour booster la durabilité de ses PME

ECONOMIE • En ouvrant, voici un peu plus d’an, un fonds de 25 millions de francs aux entreprises prenant un virage durable, le canton se profile en «pôle de croissance écoresponsable». Isabelle Moret juge les débuts prometteurs. Les sociétés concernées aussi.

«La durabilité n’est désormais plus une simple option» Isabelle Moret, conseillère d’Etat vaudoise en charge du DEIEP

«La durabilité implique une évolution majeure de l’économie en Suisse et dans le monde. Ce n’est désormais plus une simple option. Notre canton doit se positionner comme un pôle de croissance écoresponsable créant des emplois et s’inscrivant dans la limite planétaire avec en tête l’objectif de Paris, soit le zéro carbone à l’horizon 2050», synthétise Isabelle Moret, conseillère d’Etat vaudoise en charge de l’économie.

Le Canton de Vaud avait d’ailleurs fait de ce thème de la durabilité un enjeu stratégique et transversal de son programme de législature 2022-2027. La chose se manifeste désormais concrètement avec le fonds de soutien à l’économie durable. Lancé en avril 2022 après avoir été retardé par la crise sanitaire et riche de 25 millions de francs disponibles sur 5 ans, il a déjà soutenu 80 entreprises vaudoises à ce jour. Un total de près de 1,25 million de francs leur a été distribué. «Ce fut une des premières initiatives cantonales de cette ampleur dans le domaine de la durabilité», se félicite la cheffe du Département de l'économie, de l'innovation, de l'emploi et du patrimoine. Genève avait suivi en août 2022. La plupart des grandes entreprises vaudoises ont déjà bien amorcé ce virage à l’instar de leurs homologues des pays scandinaves, à la pointe sur ces questions depuis plusieurs années déjà.

«Nos PME, elles, ne savent pas forcément comment le faire ou n’en ont pas les moyens, relève Isabelle Moret. Notre équipe de spécialistes se propose donc de les accompagner dans leur transition vers la durabilité.» Ce mandat d’accompagnement est financé à 50% par le fonds pour un maximum de 15'000 francs. C’est ce dont a bénéficié l’agence de design lausannoise Studio Banana pour définir sa stratégie globale de durabilité.

Le secteur de l’énergie dans le viseur

D’autres entreprises ont plutôt joui d’un soutien financier sur un projet ciblé à l’instar d’ebooqueen. Cette plateforme de réservation de voyages écoresponsables s’est fixé pour objectif de promouvoir les vacances durables, accessibles en transports publics, dans des lieux d’hébergement éthiques et proposant des activités à proximité de ceux-ci. «Notre start-up bénéficiera de 5 000 francs d’aide une fois que nous nous serons constitués en Sàrl et 30'000 autres pourraient suivre. Ce fonds cantonal nous laisse une grande liberté et autonomie. Il nous a aussi permis d’entrer en contact avec d’autres investisseurs», se félicite la cofondatrice Dac Hanh Nguyen.

Des PME travaillant dans des secteurs très différents ont bénéficié du fonds. Citons les instruments de mesure, l’architecture d'intérieur, l’éclairage de sécurité, les soins vétérinaires ou encore l’enseignement privé. Le fonds a aussi profité à des projets coopératifs impliquant plusieurs entreprises autour d’une même thématique. Le secteur de l’alimentation a été mis à l’honneur avec la première volée. C’est désormais dans l’énergie que le Canton souhaite investir via un deuxième appel à projet en cours. Au second semestre 2023, ce sera au tour de la construction puis début 2024 de l’économie circulaire et courant 2024 de la logistique.

«Vraie prise de conscience»

Le projet collaboratif PowerFarm est l’un de ceux qui va bénéficier du fonds à hauteur de 100'000 francs. Les entreprises d’agriculture urbaine Légumes Perchés, de panneaux solaires bifaciaux verticaux Lightswing Solar et de capteurs révolutionnaires pour plantes Vivent ont unis leurs efforts pour mettre sur pied un nouveau produit innovant pour les propriétaires d’immeubles: une ferme urbaine solaire sur le toit des bâtiments. «Notre projet répond à la densification et à la perte de biodiversité dans les villes, à la gestion de l’eau, à la crise énergétique et à la création de lieux où se cultive aussi la convivialité», résume Thomas Verduyn. Le fondateur de Légumes Perchés salue la facilité d’accès au fonds et sa faculté à «permettre d’innover en minimisant les risques financiers».

De son côté, Isabelle Moret assène: «Il est impératif de réaliser rapidement ces investissements vers le durable car leur coût augmentera considérablement à l’avenir.» Mais quelques 1,25 million versé sur 25 en un an, cela semble bien peu… La conseillère d’Etat n’est pas de cet avis. Pour elle, les demandes d’accès à son fonds vont suivre une courbe exponentielle car «il y a une vraie prise de conscience sur l’importance d’être durable».

Une nouvelle plateforme en ligne

Lancée à la fin du mois de juin dernier, la plateforme digitale Viva (www.viva-vaud.ch) cartographie les aides financières, qu’elles soient fédérales, cantonales, ou communales, à disposition des entreprises qui s’engagent sur le chemin de la durabilité. En outre, le portail guide et rassemble les entrepreneurs en partageant leurs expériences. Ce projet pionnier, né de l’initiative du Service de la promotion de l’économie et de l’innovation et du Bureau de la durabilité, est soutenu par la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, la Fédération vaudoise des entrepreneurs, la Fédération patronale vaudoise, Prométerre, et les dix associations régionales de développement économique vaudoises. «Tout comme il y a dix ans avec la création d’Innovaud, le Canton de Vaud se dote aujourd’hui d’une porte d’entrée vaudoise de l’économie durable qui cartographie les soutiens et valorise les initiatives des entreprises en matière de durabilité », précise Raphaël Conz, directeur du Service de la promotion de l’économie et de l’innovation.