A Renens, le projet de développement du quartier de Florissant ne laisse personne indifférent. Le phénomène n’est pas nouveau. Pur produit de la culture urbaine des années soixante destiné à répondre alors à la pénurie de logements dans la région, ce grand ensemble satellite «dans la verdure» composé de huit barres de logements de dix étages avec une école et quelques commerces, est en passe de subir une profonde mutation. Inséré dans les périmètres du SDOL (Schéma directeur de l’Ouest lausannois) et du PALM (Projet d’agglomération Lausanne -Morges), il se situe dans un axe potentiel de développement qui pourrait accueillir 30 à 40’000 nouveaux habitants dans les années à venir et, de ce fait, subir d’importantes transformations.
L’enjeu ne laisse personne de marbre. Notamment parmi les propres habitants du quartier, regroupés pour la plupart au sein du Groupement des intérêts de Florissant, le GIF, créé en 2009 déjà, et dont le leitmotiv est on ne peut plus clair: «Densifier, oui, mais pas à n’importe quel prix!» Depuis, la bataille fait rage. A coup de communiqués, de pétitions et d’oppositions. Le projet a pourtant été revu à la baisse, mais il ne convainc toujours pas les opposants.
Un dossier chaud
Pourtant, selon la Municipalité, il n’a pour objectif que de «permettre un développement modéré en maintenant la vocation prioritaire d’habitation du quartier, et, dans un but de mixité sociale, de la compléter par un EMS.» Quatre immeubles pourraient ainsi être bâtis.
«Cette volonté de densifier à tous prix un quartier harmonieusement construit, en ajoutant au passage un EMS pour obtenir l’adhésion des personnes âgées, est tout simplement inacceptable, rétorque Willy Grandjean, co-président du GIF. On veut faire de nous des cobayes au nom de la densification. Nous disons non et ... attention, car beaucoup d’autres quartiers de Renens pourraient subir le même sort».
Municipale en charge des travaux et de l’urbanisme, Tinetta Maystre l’avoue d’emblée. «C’est un dossier chaud. Mais pour l’heure, ce projet n’a pas été mis à l’enquête publique, note-t-elle. Cela ne se fera que lorsque tous les partis politiques, le GIF et la population auront été consultés.» Et d’ajouter: «Le quartier mérite une rénovation et sur cette base, on a fait un pari: améliorer la qualité de vie de ses habitants tout en apportant l’équipement nécessaire à son développement et répondre à la pénurie de logements.» Sera-t-elle entendue? Réponse le 3 février, tout en sachant qu’en octobre dernier, le PS local, pourtant membre de la majorité de l’exécutif, s’est montré contre toute attente hostile au projet.
Un plan de quartier pour Florissant, mardi 3 février, Salle des Spectacles de Renens, 20h.