Enfin une véritable stratégie pour le tourisme lausannois!

ENJEU • La Ville de Lausanne multiplie les rencontres avec l’ensemble des acteurs du tourisme. L’objectif est d’appuyer ce très porteur secteur d’activité sur une stratégie clairement définie, que Lausanne Tourisme devra mettre en œuvre.

  • A Lausanne, le tourisme «de loisirs» présente un fort potentiel de progression. 123RF

    A Lausanne, le tourisme «de loisirs» présente un fort potentiel de progression. 123RF

«Le but est d’associer l’ensemble des acteurs du secteur du tourisme» Grégoire Junod, syndic de Lausanne

C’est un tournant majeur en matière de politique touristique. Jusqu’à présent entièrement confiée à Lausanne Tourisme via une convention et une subvention annuelle de 2,3 millions de francs, sans compter une partie des fonds récoltés via la taxe de séjour, la promotion touristique de la région lausannoise s’apprête à connaître une véritable révolution.

Piloté par la Ville, ce changement vise à doter le tourisme local d’une vision stratégique. Depuis l’année dernière, la Municipalité est ainsi très officiellement dotée d’une «Unité développement et promotion de la Ville de Lausanne» confiée à l’économiste Fabrice Bernard, et dont la mission est de «définir la vision stratégique et le positionnement de la capitale du Canton».

D’ici la fin de l’année...

«Il ne s’agit en aucun cas d’un serrage de boulons ou d’une reprise en main politique du tourisme par la Ville, explique le syndic Grégoire Junod, en charge de la culture et du développement urbain. Le but est au contraire de se mettre au service des acteurs touristiques, d’aider à créer une adhésion large aux enjeux touristiques et de fédérer les différents acteurs, y compris bien sûr les communes participant au FERL, le Fonds pour l'équipement touristique de la région lausannoise, afin de mieux cerner leurs attentes et leurs besoins.» Une stratégie qui devra ensuite être mise en œuvre par Lausanne Tourisme et dont les contours devraient être connus à la fin de l’année.

Des données fiables devront être récoltées

Dans l’intervalle, de multiples questions devront trouver une réponse: quels atouts Lausanne et sa région doivent-elles mettre en avant? Comment définir la marque «Lausanne»? Le slogan «Capitale olympique» est-il encore porteur? Quels marchés prioritaires faut-il prospecter, alors que la clientèle suisse représente près de la moitié des nuitées? Sans compter un impératif: récolter des données fiables et précises sur la fréquentation touristique qui, à ce jour, manquent cruellement… Dès le mois de juin dernier, une première rencontre intitulée «Destination Lausanne» a réuni plus de 170 partenaires dans cet objectif. «Destination Lausanne a été un joli succès, se réjouit Grégoire Junod. Cette réussite démontre que le tourisme à Lausanne intéresse bien au-delà de Lausanne Tourisme ou des seuls milieux hôteliers. C’est un enjeu majeur pour Lausanne, d’où la nécessité d’associer le plus d’acteurs possibles à la réflexion, comme les commerçants, les restaurateurs, les centres de congrès, les opérateurs culturels ou sportifs, etc.»

Alors qu’une prochaine rencontre est d’ores et déjà agendée pour cet automne, la mise en œuvre de la future stratégie est quant à elle prévue pour le début de l’année 2024, avec la signature d’une nouvelle convention entre les communes du FERL et Lausanne Tourisme.

Potentiel de croissance

Avec «seulement» 1,3 millions de nuitées par an, la région lausannoise présente un fort potentiel de croissance, en particulier pour le tourisme de loisirs qui ne pèse pour l’instant que pour un tiers des nuitées, le reste étant dévolu au tourisme d’affaires et de congrès. Des indices, comme la forte croissance de la demande durant les week-ends et les vacances, laissent augurer d’une belle marge de progression, alors que se développe un peu partout en Europe une forte tendance aux «city trips», et une volonté exprimée par de nombreux touristes de fuir les grandes capitales européennes, désormais saturées.

Evidemment, l’enjeu économique n’est jamais très loin. «Si l’on considère qu’un touriste dépense entre 300 et 400 francs par jour lorsqu’il séjourne à Lausanne, on comprend bien l’impact de la branche sur la restauration, les commerces ou le secteur des loisirs. Pour une ville comme la nôtre, c’est un secteur économique très important, souvent sous-estimé», conclut le Syndic.

Des atouts indéniables

Un cadre idyllique au bord du lac, une capacité hôtelière incontestable, même si l’offre de moyenne gamme gagnerait à être étoffée, une vie nocturne que de nombreuses villes nous envient, une offre gastronomique de qualité… Lausanne présente de nombreux atouts pour attirer un maximum de visiteurs, susceptibles également de se déployer dans toute la région. L’offre culturelle, particulièrement vivante et foisonnante et appuyée sur un socle muséal de haute qualité est également reconnue. En 2022, Lausanne a ainsi reçu le titre de «Destination Culturelle Emergente» lors des Leading Culture Destinations Berlin Awards 2021/2022, assimilés aux «oscars de la Culture» par le

Une très belle année 2022

Même si le retour aux chiffres d’avant covid est encore loin, la situation touristique s'est en 2022 et selon Lausanne Tourisme «montrée réjouissante». En effet, la destination a enregistré plus d’un million de nuitées hôtelières, soit une augmentation de +38.9% par rapport à l’année précédente, alors même que les 2 premiers mois de 2022 étaient encore marqués par la pandémie. La fin des restrictions a provoqué un engouement et un retour en force des hôtes. Les chiffres des dix autres mois de l'année ont été excellents avec de fortes progressions, en comparaison à l'exercice précédent. « Les raisons se révèlent multiples et diverses, toutefois étroitement liées au redémarrage du tourisme d'affaires » note Lausanne Tourisme dans son rapport annuel.

Même si le retour aux chiffres d’avant covid est encore loin, la situation touristique s'est en 2022 et selon Lausanne Tourisme «montrée réjouissante». En effet, la destination a enregistré plus d’un million de nuitées hôtelières, soit une augmentation de +38.9% par rapport à l’année précédente, alors même que les deux premiers mois de 2022 étaient encore marqués par la pandémie. La fin des restrictions a provoqué un engouement et un retour en force des hôtes. Les chiffres des dix autres mois de l'année ont été excellents avec de fortes progressions, en comparaison à l'exercice précédent. «Les raisons se révèlent multiples et diverses, toutefois étroitement liées au redémarrage du tourisme d'affaires» note Lausanne Tourisme dans son rapport annuel.

Une vision pour le tourisme de la région, l'éditorial de Charaf Abdessemed

Marre des cohues de touristes qui à la queue-leu-leu défilent mécaniquement tels des zombies, devant des monuments, des paysages ou n’importe quoi d’autre, le smartphone à la main, le sac sur le dos et le visage fermé par des nuits de fiesta sans sommeil? Eh bien vous n’êtes pas les seuls. De nombreuses villes, un peu partout dans le monde, tentent d’endiguer et d’organiser le perpétuel flot de visiteurs qui péjorent gravement la qualité de vie des locaux, qui pourtant, en tirent leur subsistance.

C’est dans ce contexte de saturation-régulation que de «petites» destinations, joignables par train et capables d’offrir une expérience touristique à la fois intéressante et agréable ont leur carte à jouer. La Ville de Lausanne l’a bien compris, elle qui l’année dernière a créé une Unité de développement et de promotion destinée à booster le tourisme local et qui depuis, multiplie les rencontres pour définir les contours d’une stratégie claire, cohérente et commune à toute la région (lire en page 3).

La démarche, plus que louable, ne marque pas un désaveu pour Lausanne Tourisme qui depuis des années effectue un travail remarquable, avec des moyens limités. Elle incarne cependant la nécessité de lui donner un cadre de travail et des perspectives claires qui permettront à notre ville d’augmenter sa notoriété mais aussi sa prospérité, dans un secteur d’activité particulièrement concurrentiel, où le niveau du franc n’est franchement pas un atout. Avec le recul, elle sonne au fond comme une telle évidence que l’on peut s’étonner qu’elle n’ait pas été entamée plus tôt.