Contre les SUV, Lausanne ne peut rien faire!

PARKING • Ce que Paris a fait, Lausanne ne pourra pas le faire. Pour des raisons légales, il est impossible d’interdire les SUV ou de leur faire payer plus cher le stationnement.

  • Une tarification différenciée du stationnement est difficile à mettre en œuvre. PHOTO VERISSIMO

Elle l’a imaginé, elle l’a fait! Au terme d’une votation «à la suisse», avec cependant un taux de participation dérisoire, la maire de Paris, Anne Hidalgo vient d’acter une mesure anti-voiture phare dans le territoire de sa ville: imposer le triplement des frais de stationnement pour les 4x4, SUV et autres véhicules thermiques de plus de 1,6 tonne, et même pour les véhicules électriques de plus de deux tonnes.
«Le boom des SUV, dopé par des importateurs qui ne pensent qu’à leur marge bénéficiaire, va à rebours de l’histoire, observe Ilias Panchard, le co-président des Verts lausannois. Non seulement ces véhicules polluent parce qu’ils sont plus lourds et consomment plus, mais ils empiètent de plus en plus sur l’espace public et représentent un danger pour les usagers, en particulier les enfants. Il faut contrecarrer cette évolution aberrante à l’heure du réchauffement climatique et de la qualité de vie en ville».
A Lausanne en effet, les SUV, dont les Suisses raffolent pourtant, sont de longue date dans le collimateur des écologistes. En 2020, le conseiller communal Vincent Rossi via un postulat intitulé «Arrête ton char! Confinons les tanks urbains aux oubliettes de l’histoire lausannoise» demandait déjà une tarification des places de parc, sur le domaine public, mais aussi dans les parkings publics sur le territoire lausannois, en fonction de la catégorie ou du poids du véhicule.
Pieds et poings liés
Sauf que ce que Paris va faire, Lausanne devra y renoncer. Pour une raison très simple. Au regard du droit actuel, la Municipalité est tout simplement pieds et poings liés. «La Ville ne dispose d'aucune compétence pouvant limiter ou interdire la circulation de véhicules type SUV ou 4x4 explique Florence Germond, municipale en charge de la mobilité. Concrètement, une autorité communale peut seulement édicter des limitations à la circulation qui s'appliquent à des catégories déterminées par le droit fédéral, comme les poids-lourds, les motocycles ou les autocars. Elle n'a pas le droit de créer elle-même une sous-catégorie SUV». Même impuissance en ce qui concerne une éventuelle tarification spécifique des gros véhicules comme les SUV: «Une tarification différentiée du stationnement est difficile à mettre en œuvre notamment parce qu’un contrôle objectif n'est actuellement pas possible pour différentes raisons, types de catégories de véhicules, accès aux bases de données des services des automobiles cantonaux, etc» observe encore la municipale.
Péage urbain?
«Il y a pourtant bien des manières de contourner légalement les failles du dispositif législatif actuel, rétorque Ilias Panchard. Par exemple, on pourrait instaurer un péage urbain, qui définirait des critères de prix en fonction des catégories de véhicule et au moins sanctionner tous les véhicules trop gros qui dépassent impunément des places de parc. Ce n’est qu’une question de volonté politique».
La Municipalité quant à elle, préfère s’en tenir à son Plan climat, qui vise d’une manière globale un report modal du trafic motorisé vers la marche à pied, les vélos ou les transports publics, «les problématiques climatiques, d'occupation d'espace et sécuritaires s'appliquant à l'ensemble des véhicules individuels motorisés, même si leur ampleur diffère en fonction de la typologie de motorisation ou de la taille et du poids du véhicule».