Les étudiants «non-racisés» de l'UNIL et de l’EPFL exclus d'un atelier contre le racisme

EGALITÉ - Le 22 mars prochain, un atelier sur le thème du racisme se déroulera à l'Université de Lausanne et sera réservé aux étudiants «racisés». L'événement suscite des réactions contrastées dans la sphère politique.

La Semaine d'actions contre le racisme a lieu à l'UNIL du 18 au 22 mars. C'est dans ce cadre qu'une exposition, des ateliers, une conférence, une table ronde animent notamment le campus. L'un des ateliers a attiré l'attention d'un étudiant qui souhaite garder l'anonymat. Celui-ci est intitulé: «Atelier du Collectif Afro-Swiss "La boîte à outils antiracistes"». Il est précisé que ce cours est «destiné aux étudiant·es racisé·es de l’UNIL et de l’EPFL». Effectivement, lorsque cet étudiant a rempli le formulaire d'inscription en ligne, il a dû cocher une case qui indiquait: «Je garantis que je suis un·e étudiant·e racisé·e en m'inscrivant à cet atelier».

Quelle est la définition de ce mot donnée par l'UNIL? «Une personne "racisée" désigne un individu susceptible d’être assigné à un groupe minoritaire sur la base de caractéristiques subjectives et d’être victime de discriminations», précise Seema Ney, adjointe de la cheffe du Bureau de l'égalité. Cela signifie-t-il que toute personne considérée comme blanche pourrait être refoulée de cet atelier? «Un étudiant blanc peut être racisé, par exemple s’il porte des signes distinctifs de religiosité ou d’appartenance ethnique et qu’il ou elle vit des situations de discrimination en raison de cela», nuance-t-elle.

Faciliter l’expression et la communication

Pourquoi ne pas inclure les personnes dites «non-racisées» à ces ateliers? «Pour la direction de l’UNIL, il est important de créer des espaces pour que les personnes subissant des discriminations puissent échanger autour d’expériences communes et partager des outils pour y faire face au quotidien. L’expérience, à l’UNIL et ailleurs, montre que le fait pour ces personnes de se retrouver entre elles facilite l’expression et la communication. En ce qui concerne cet atelier, les personnes ne faisant pas l’expérience de racisme ne peuvent partager ce vécu, n’étant pas soumises aux mêmes stéréotypes. Cet atelier est complémentaire à d’autres temps et lieux d’échanges, comme c’est le cas dans notre programme, avec par exemple une journée consacrée à la communication interculturelle. Des ateliers qui s'adressent aux personnes qui ne vivent pas elles-mêmes la discrimination, mais qui s'intéressent au sujet et souhaitent s'engager contre, peuvent aussi être proposés», conclut-elle.

La question divise les partis

Les réactions politiques reflètent bien le clivage droite-gauche sur cette problématique sociétale. «Je salue cette initiative de l’UNIL. Les réunions en non-mixité raciale gagneraient à être démocratisées. Ce mode de rencontre existe pour les femmes, mais aussi de fait dans certains lieux de pouvoir, où des hommes blancs se réunissent entre eux», souligne Mountazar Jaffar, conseiller communal socialiste lausannois et doctorant à l'UNIL. L'initiative est beaucoup moins appréciée par le PLR du canton de Vaud. «Je déplore que cet atelier participe à la ségrégation des personnes. Je ne nie pas que certaines populations subissent des discriminations mais l'université doit représenter un lieu de dialogue et pas de discrimination», précise Florence Bettschart-Narbel, présidente du parti.

Du côté de l'UDC Vaud, on se montre encore plus sévère. «Ce cours réservé exclusivement aux étudiants racisés illustre une nouvelle fois la dérive de nos institutions éducatives. Plutôt que de promouvoir l'excellence et le mérite, il encourage la division», affirme le conseiller national Michaël Buffat.