«Traiter les gens de parasites, c’est insultant!»

POLÉMIQUE • La semaine dernière dans nos colonnes, l’UDC Kevin Grangier accusait la gauche lausannoise d’utiliser l’argent public pour arroser sa clientèle politique. Denis Corboz, président du PS lausannois, lui répond.

  • Denis Corboz, président du parti socialiste lausannois. Photo Verissimo

    Denis Corboz, président du parti socialiste lausannois. Photo Verissimo

Lausanne Cités: La politique de la gauche lausannoise se réduit-elle à servir son électorat?

Denis Corboz: La gauche cherche à redistribuer équitablement les richesses, acquises par tous. En quoi construire des infrastructures qui profitent à toute la population serait un problème? Nous avons construit par exemple un stade de football, ou des logements à prix abordables, qui bénéficient à tout le monde.

Pour l’UDC, Lausanne aurait raté sa politique d’intégration et soutiendrait une fragmentation communautaire de la société?

La société s’est fragmentée, c’est sûr, le phénomène s’observe partout en Occident. Lausanne a mis en place un système social novateur avec ses travailleurs sociaux et elle peut se féliciter depuis 2012 de voir son taux d’aide sociale baisser continuellement. La Ville a été un précurseur en proposant aux bénéficiaires du revenu d’insertion un double soutien, par le biais des conseillers en placement et des assistants sociaux. Et ce modèle a été repris par le canton.

Lausanne entretiendrait des «parasites qui vivent aux crochets des autres»? N’y a -t-il pas un fond de vrai dans ces propos?

C’est incroyablement insultant pour les résidents de notre ville. Le plus choquant dans ces mots, c’est d’associer des êtres humains à des parasites. C’est malheureusement un classique de l’UDC de jouer sur l’ambigüité des mots: un parasite évoque immédiatement des puces ou des moustiques… bref, des bêtes dégoutantes.

Est-il vrai que Lausanne, à travers la péréquation financière, fait financer son train de vie par les communes avoisinantes?

Non, c’est rigoureusement faux: pour 2020, la Ville a contribué pour environ 40 millions de francs, soit 300 francs par habitant, à la péréquation, alors que certaines communes obtiennent jusqu’à 1000 francs par habitant.En outre, les villes ont plus de charges financières que les communes campagnardes qui ont moins de population et donc moins de tâches à accomplir alors que les grandes infrastructures et les services sont en ville. Les communes environnantes bénéficient aussi de ces investissements, chaque année, les Lausannois offrent pour plus de 65 millions de prestations à toute l’agglomération.

En matière de finances, la gauche est accusée de creuser la dette…

Là c’est encore c’est faux, la dette bancaire est stable depuis dix ans et la dette nette de Lausanne a été réduite de près de 14% sur cette même période, et même le Covid n’a pas ralenti cette tendance à la baisse. Mais contenir les charges et la dette ne signifie pas diminuer les prestations. D’ailleurs, le budget de certains domaines prioritaires a augmenté: transports publics, petite enfance, rénovation d’écoles, sécurité. Kevin Grangier est non seulement froissé avec les faits, mais aussi avec les chiffres: il affirme que la dette est de 30’000 francs par habitant, alors que l’endettement net est de 14’000 francs par habitant, soit deux fois moins.

Comprenez-vous que la politique de la Ville en matière de mobilité puisse susciter des critiques?

Oui, je peux le comprendre, mais c’est la preuve que la Ville mène une politique volontariste. Nouvelles pistes cyclables, rues piétonnes, zone 30km/h, suppression à terme des voitures thermiques. Ce sont des changements majeurs, la ville se transforme pour le bien de sa population et cherche à réduire ses émissions de CO2.

Ne pensez-vous pas que la virulence de ces critiques est liée au fait qu’à Lausanne la gauche est trop dominante?

L’UDC cherche à capter l’attention en lançant des attaques violentes et sans contact avec la réalité. C’est une chose de jouer au pompier pyromane, c’en est une autre de trouver des solutions pragmatiques pour convaincre les électeurs...