Les policiers lausannois en solo font des émules

SECURITE • Depuis 2018, des policiers patrouillent en solo dans l’hypercentre de Lausanne. Le concept sera repris par l’académie de police de Savatan.

  • Diminuer la taille des patrouilles permet de les démultiplier et d’augmenter la visibilité policière. VERISSIMO

    Diminuer la taille des patrouilles permet de les démultiplier et d’augmenter la visibilité policière. VERISSIMO

Les Lausannois ont bien dû s’en rendre compte. Dans un certain nombres de lieux stratégiques de la ville, et depuis 2018, la présence policière a été largement renforcée. Et pour cause: en 2018 la polémique avait enflé, la population, exaspérée par la présence de dealers dans les rues n’ayant pas manqué d’exprimer son mécontentement, relayée par la sortie très remarquée du réalisateur lausannois Fernand Melgar qui n’avait pas hésité à dénoncer vertement «le laxisme de la Municipalité».

Depuis, les choses semblent être rentrées dans l’ordre, la visibilité des dealers étant inversement proportionnelle à celle des patrouilles de police.

Avec néanmoins un changement majeur: souvent, les policiers patrouillent seuls et non en bînôme, et à l’inverse de ce qui était préconisé et même enseigné dans les protocoles de police. «L’îlotage seul a été développé à Lausanne avec la mise en place du dispositif de visibilité policière au centre-ville en juin 2018. La patrouille solo fait partie des moyens à disposition pour assurer la mission de police, détaille Sébastien Jost, le porte-parole de la police lausannoise. Moins fréquente pour l’heure que la patrouille en binôme, elle est toutefois utilisée dans des missions de proximité et de visibilité».

Question d’effectifs?

Evidemment, diviser la patrouille classique en deux a l’avantage de multiplier d’autant la visibilité policière. Ce choix, selon les informations que l’on a pu obtenir auprès de sources policières qui n’avaient pas manqué de tiquer lors de l’adoption de la mesure, est à attribuer à l’impossibilité d’augmenter les effectifs consacrés aux patrouilles de police.

«Il ne s’agit pas d’une question d’effectifs, tient à corriger le Municipal Pierre-Antoine Hildbrand. Ce nouveau concept permet de couvrir plus de terrain. La policière ou le policier doit toujours s’interroger sur sa capacité à intervenir en raison d’éventuels risques que pourraient comporter la situation, qu’il agisse d’ailleurs seul ou à plusieurs. Cette action de visibilité a pour objectifs de lutter contre le deal en rue et de réduire la commission d’autres délits dans des périmètres identifiés».

Reste qu’un policier seul est par définition toujours plus vulnérable que lorsqu’il est accompagné d’un ou une collègue, même si a priori, sur le terrain, les choses semblent se passer sans anicroches: «Nous n’avons pas eu à constater des problèmes liés à la patrouille solo, observe Sébastien Jost. Le maillage du terrain assure une forme de proximité entre les îlotiers, et de plus, la présence des autres unités de police (police-secours, postes de quartier, motocyclistes, etc,) dans le secteur relativement restreint géographiquement du centre-ville leur assure des possibilités rapides d’appuis en cas de problème.» L’expérience en tout cas fait des émules. Dès ce mois de février 2020, l’académie de police de Savatan a décidé, «en étroite collaboration avec la police municipale de Lausanne», d’intégrer le concept de formation et de sensibilisation des patrouilles en solo dans son programme de formation.