Des zombies sur nos routes?

TAXI UBER • L’arrivée d’Uber à Lausanne avec son service «pop» encou- rage des personnes sans emploi à tenter de toucher un revenu décent en accumulant les heures de travail. Au péril parfois de leur sécurité et surtout de celle de leurs passagers.

  •  Nombre de personnes sans emploi ou en difficulté financière tentent l’aventure UBER . dr

    Nombre de personnes sans emploi ou en difficulté financière tentent l’aventure UBER . dr

Lorsque Khaled (*) nous accueille dans son véhicule, la mine très fatiguée, cela fait 14 heures qu’il est sur les routes lausannoises. Une très longue journée qu’il a passée à attendre le client dans sa voiture et en transportant une dizaine de passagers.

Nécessaire reconversion

«Le week-end, c’est le moment ou jamais pour faire de l’argent, donc je travaille beaucoup et je ne dors que trois heures», explique-t-il en un souffle. Il faut dire que cet ancien restaurateur a de la peine à retrouver un emploi depuis que son établissement a fait faillite. Lorsqu’il voit les annonces d’Uber pour rechercher des chauffeurs, il postule donc avec le ferme espoir de pouvoir s’engager dans une reconversion professionnelle. Mais, c’est rapidement la désillusion: Uber ne lance à Lausanne que son service «pop» permettant seulement des gains modestes destinés à quelques chauffeurs amateurs désireux de réduire légèrement leur dépenses liées à leur véhicule. Khaled, comme quelques autres Lausannois dans la même situation, ne baisse pas les bras pour autant, mais il devra conduire de très longues heures pour tenter de gagner sa vie et nourrir sa famille.

20 francs de l’heure

L’un des principaux arguments d’Uber pop étant son tarif avantageux, la pression sur la rémunération de leurs chauffeurs est très conséquente et, lorsqu’ils ont reversé la part destinée à Uber, payé leur leasing et fait le plein, il reste en moyenne moins de 20 francs de salaire horaire. Mais l’entreprise américaine n’a-t-elle pas l’impression d’encourager les excès de temps de travail en précarisant leurs employés? «Un conducteur Uber «pop» ne conduit pas pour générer un profit économique. Les tarifs sont bas et décourage l’utilisation de l’application comme un travail à plein temps», répond Steve Salom, le manager de la multinationale en Suisse romande. Cela dit, il confirme également qu’il n’existe aucune vérification du respect d’un nombre d’heures maximum contrairement à tous les chauffeurs professionnels. «Il est important de souligner que les conducteurs se connectent souvent lorsqu’ils sont chez eux et pas dans leur véhicule par exemple. Les limiter par un temps de connexion maximal ne serait pas correct de ce point de vue-là», se justifie Steve Salom.

En attendant, Khaled entame sa quinzième heure de travail sans que personne ne lui ait demandé d’aller se reposer avant de ramener de nouveaux jeunes de boîte de nuit.

* Nom d'emprunt