Jasmine Gfeller, la femme aux mille projets

PORTRAIT • Cogérante du restaurant La Parada au cœur de Lausanne, Jasmine Gfeller n’a que 36 ans, a déjà vécu mille vies et est toujours à l’affût d’un nouveau challenge.

  • JOëLLE MISSON-TILLE

    JOëLLE MISSON-TILLE

De mère canadienne et de père suisse, Jasmine Gfeller a grandi en Inde, Afrique, Iran, Vietnam, ou encore Angleterre... Globetrotteuse donc. Avant de poser ses bagages, seule, en Suisse lorsqu’elle avait 17 ans et de travailler comme fille au pair dans une famille à Cologny (GE). Un an plus tard, elle en a fait le tour: «Je n’étais pas faite pour ça. J’ai décidé de partir à Lausanne, rejoindre ma grand-mère, et j’ai trouvé un job aux Brasseurs.» Là c’est le déclic. Travailler dans la restauration devient une passion. Elle se lance et postule à l’Ecole Hôtelière où elle a fait ses études tout en travaillant les week-ends dans différents bars et boîtes de nuit lausannoises.

Un métier passion

Sa formation terminée, elle se rend en Angleterre, où elle dirige un hôtel durant 1 an. Ensuite à Toronto où elle ouvre un restaurant gastronomique.

Bref, Jasmine a ça dans le sang. Ce qui la passionne, c’est lancer l’ouverture de nouveaux établissements, mettre le concept en place et ensuite passer à un autre projet, dont chacun demande environ 1 à 2 ans d’investissement. C’est ce qu’elle fait à Lausanne depuis lors, et fait désormais partie des figures connues dans la restauration lausannoise.

Après avoir participé à la réouverture du café Bellini à Lausanne en 2015 qui est devenu Le Comptoir, avoir mis en place le SkyLounge au Royal Savoy, puis le WinterLounge, elle fait une pause. «J’ai commencé à en avoir marre de travailler dans la restauration et de mettre tout mon cœur et énergie dans les projets des autres».

Elle revient très vite dans la course car elle est sollicitée pour être associée à un projet de restaurant italien à Lausanne et ouvre Un Po’ Di Più avec deux associés. Cette habitante de St-Prex s’investit aussi là où elle vit, puisqu’elle y a tenu un bar éphémère durant plusieurs étés d’affilée.

Dans la foulée, un business plan sous le bras, avec l’idée d’un concept de restaurant type d’Amérique latine, elle se lance avec Georges Marchand (gérant de l’Etoile Blanche à l’époque) et des amis qui rentrent tout droit du Mexique, dans la reprise du restaurant historique Lausanne-Moudon. Après 6 semaines de travaux, ils ouvrent La Parada.

Quand on lui demande comment elle fait pour avoir autant d’énergie dans ses nombreux projets, elle répond: «C’est un métier passion. Je suis présente de 10h à 23h le soir. C’est carrément ma deuxième maison».

L’âme de La Parada

Et d’évoquer qu’être une femme dans la restauration n’a pas toujours été facile. «C’est compliqué de se faire entendre parfois, car ça reste difficile pour certains hommes d’être dirigés par une femme. Il faut savoir s’imposer sans créer une ambiance tendue, et vu que j’aime bien m’entendre avec tout le monde, ce n’est pas facile d’avoir le mauvais rôle.»

Sa sympathie et son accueil jovial, on les perçoit dès qu’on pousse la porte de La Parada. On s’y sent aussi un peu comme chez soi. Jasmine et ses associés y ont mis de l’âme. Tables en bois chinées, jolis décorations florales, fresques murales, objets déco insolites: des éléments savamment choisis pour rendre une atmosphère décontractée et surtout qui rappellent l’Amérique du sud!

Du lunch au soir, en passant par l’afterwork, la cuisine est ouverte toute la journée, avec une terrasse bucolique, et peut-être même une prolongation de terrasse sur le parking du Tunnel actuel qui fait l’objet d’une mise à l’enquête. «On espère que ce projet verra le jour, cela ajouterait du dynamisme à ce quartier qui a un potentiel fort et où beaucoup de choses bougent», ajoute-t-elle.

Et la suite? «Des amis m’ont approchée pour lancer un restaurant grec à Lausanne... confie Jasmine, mais pour l’instant je suis là!». La suite au prochain épisode...