Et si "Cry Macho" était le film de trop pour Clint Eastwood?

Notre chroniqueur Thomas Lécuyer ne cache pas sa gêne en évoquant le dernier film de Clint Eastwood.

Cry Macho
Les dernières nouvelles de Clint Eastwood étaient pourtant excellentes: on l’avait laissé sur un formidable dernier film, «Richard Jewell», réalisé avec toute la maestria qu’on lui connaît. Alors «Cry Macho» sonne peut-être comme «le film de trop». On est gêné de voir un réalisateur (Clint Eastwood) totalement dépossédé de son sujet, qui ne sait pas diriger ses acteurs (le gamin qui tient le rôle-titre n’est juste à aucun moment). On est gêné de voir un acteur (Clint Eastwood), 91 ans, totalement à côté de son personnage, ayant du mal à marcher, à se lever, tenant à peine debout, même, durant une scène de danse, nous faire croire qu’il peut encore débourrer des pur-sang, dormir à la belle étoile, décrocher une bonne droite, faire des courses-poursuite, et draguer tranquille des femmes 30 ans plus jeunes. On lui avait proposé ce rôle à la fin des années 70, et il l’avait refusé pensant qu’il était trop jeune. Vraisemblablement, le grand Clint n’a pas eu le recul nécessaire pour se rendre compte qu’en 2020, il était maintenant devenu trop vieux.

Aline
Québec, deuxième moitié du XXème siècle. La petite Aline Dieu, dernière-née de 14 enfants, a un don: une voix en or. Sous la houlette du producteur de musique Guy-Claude, bien plus âgé qu’elle, elle deviendra bientôt une superstar planétaire. Avec une application proche de la dévotion et son regard si décalé qui est sa marque de fabrique, Valérie Lemercier revisite le mythe «Céline Dion» dans un formidable film musical qui reprend tous les codes du biopic et de la parodie pour mieux s’en jouer, et traduire les relations de la réalisatrice avec son sujet: un mélange de fascination et de tendresse pour une icône planétaire ultrapopulaire, monarque d’un royaume de variété hyper performant mais tout de même bien kitsch et suranné. La réalisatrice travaille sa comédie avec un premier degré bienvenu, sans jamais se moquer, sans grincement, sans ironie. Le résultat est une fable faussement naïve mais ultracolorée, un conte musical à haute teneur en tubes, souvent très drôle, et plein d’affection pour cette idole ultime, reine d’un monde de bande FM, de stadiums bondés et de papier glacé.