Rasude: faut-il sauver l’immeuble situé à l’avenue de la Gare 45?

DEMOLITION • Sacrifié pour permettre l’émergence d’un nouveau quartier à la Rasude, le bâtiment du 45 avenue de la Gare cristallise les tensions. Les opposants au projet estiment que sa valeur patrimoniale devrait primer sur toute autre considération.

  • A terme, l’immeuble laissera la place à un hôtel. MISSON TILLE

    A terme, l’immeuble laissera la place à un hôtel. MISSON TILLE

Quartier actuellement fermé à la population et uniquement dédié aux activités administratives et logistiques, le quartier de la Rasude, situé à l’est de la gare, devrait renaître de ses cendres dans les années à venir. Le mois passé en effet, la Ville transmettait au canton le Plan d’affectation du lieu pour examen préalable. Un pas décisif, alors que se dessinent ainsi les futurs contours du quartier: trois nouveaux bâtiments, réhabilitation de l’avenue de la Rasude en tant que future artère piétonne, importante végétalisation, le projet a, a priori, de quoi séduire. Sauf que s’il permet de conserver une partie du patrimoine bâti existant, il implique la démolition de l’actuel édifice du 45 avenue de la Gare, dont la base est jugée «de mauvaise qualité», avec «une surface patrimoniale altérée.»

Dernière création de l’architecte lausannois Laverrière

Sans être exceptionnel, ce bâtiment a tout de même quelques lettres de noblesse. Il s’agit du dernier immeuble construit par l’architecte lausannois Alphonse Laverrière en 1950, alors âgé de 78 ans. En 2017, Patrimoine suisse estimait que ce bâtiment était «d’une remarquable facture par sa symétrie et le rythme de ses façades.» Résultat: le sacrifier s’apparente pour certains à un véritable crève-cœur et des opposants ont clairement manifesté leur réprobation. Pour Silvia Egger, présidente de l’association Périrasude, cette destruction est un «non-sens patrimonial et écologique tant il est ridicule de détruire un immeuble fonctionnel pour en rebâtir un autre à la place.»

Et d’ajouter: «pour justifier sa démolition, on nous dit qu’il est altéré, mais sur quelle base cela a-t-il été décidé? Tout cela ne me semble pas très solide.»

La Ville de son côté persiste et signe: «Les éléments essentiels d’origine, qui faisaient la substantifique moëlle du patrimoine, n’existent plus à ce jour, argumente la municipale Natacha Litzistorf, en charge du logement et de l’architecture. L’escalier a été déplacé, les plans d’origine ne se retrouvent plus, puisque de nombreux remaniements ont été faits, les matérialités originelles ne sont plus là et toutes les fenêtres du bâtiment ont été changées». De son côté, Olivier Rambert Président de la SV Rasude, maître d’ouvrage représentant les deux propriétaires fonciers Mobimo Management SA et CFF Immobilier, tient à préciser: «Une pesée des intérêts a été réalisée dans le cadre du concours sous forme des mandats d’études parallèles. Il s’avère que de nombreuses transformations intérieures menées au fil des années ont fait perdre une partie importante de la substance architecturale historique du bâtiment.»

Pour Patrimone suisse, une «évolution dans le bon sens».

Alors qu’en 2017, la section vaudoise de Patrimoine suisse estimait «regrettable» la démolition de l'immeuble Laverrière, remplacé «par une construction nouvelle tout en hauteur» avec une perte «patrimoniale certaine» qui «dégradera l’image de la gare», l’association semble avoir changé son fusil d’épaule. Dans un email adressé il y a quelques semaines à Silvia Egger, présidente de «Ma Rasude», le président de sa commission technique a rappelé: «Le projet de plan d’affectation a fait l’objet d’un concours et a été choisi par un jury de professionnels compétents. Le projet choisi a été présenté en 2017 à une délégation de notre comité. A la suite de cette présentation, le comité a décidé de ne pas s’opposer au projet au vu de l’intérêt urbanistique que celui-ci représente et de la conservation des deux bâtiments historiques de la gare». Et d’ajouter: «Lors d’une présentation récente, nous avons pu constater une réduction conséquente de la hauteur des bâtiments projetés (à la Rasude, ndlr) ce qui faisait partie de nos demandes initiales. En cela, nous estimons que le projet a évolué dans le bon sens».

Alors qu’en 2017, la section vaudoise de Patrimoine suisse estimait «regrettable» la démolition de l'immeuble Laverrière, remplacé « par une construction nouvelle tout en hauteur» avec une perte « patrimoniale certaine» qui «dégradera l’image de la gare», l’association semble avoir changé son fusil d’épaule. Dans un email adressé il y a quelques jours à Siliva Egger, présidente de «Ma Rasude», le président de sa commission technique a rappelé : «Le projet de plan d’affectation a fait l’objet d’un concours et a été choisi par un jury de professionnels compétents. Le projet choisi a été présenté en 2017 à une délégation de notre comité. A la suite de cette présentation, le comité a décidé de ne pas s’opposer au projet au vu de l’intérêt urbanistique que celui-ci représente et de la conservation des deux bâtiments historiques de la gare». Et d’ajouter: «Lors d’une présentation récente, nous avons pu constater une réduction conséquente de la hauteur des bâtiments projetés (à la Rasude, ndlr) ce qui faisait partie de nos demandes initiales. En cela, nous estimons que le projet a évolué dans le bon sens».