MIGRANTS • C'est le sujet qui fâche en cette rentrée. L'arrivée massive de requérants d'asile sur la Côte vaudoise irrite les habitants. Depuis quelques mois, Begnins, la petite commune surplombant Gland, subit, avec difficulté, la cohabitation avec un groupe d'une quinzaine d'individus venus de Tunisie et de Libye principalement.A Gland, la situation est sensiblement identique avec l'ouverture d'un centre d'accueil de jour à l'abri PC des Perrerets au début du mois d'août. La mission est claire: donner la possibilité aux requérants de bénéficier d'un lieu où se rendre la journée entre 10h30 et 17h30 au lieu d'errer dans les rues glandoises. Une idée qui fait sourire les voisins. «C'est n'importe quoi!, tonne Marie, femme au foyer quadragénaire. Je le vois très bien puisque je suis aux avants postes. Ce centre d'accueil ne fonctionne pas. La journée, lorsqu'il fait beau, certains sont postés aux alentours en attendant que le soir arrive. Cela occasionne des nuisances sonores et de nombreux déchets sont laissés aux alentours.»La crainte d'une mauvaise cohabitation est également partagée par les habitants de Préverenges. Dans quelques jours, ils se verront contraints de loger 50 requérants d'asile, hommes et célibataires, dans l'abri PC se situant à proximité d'une école. Comme les autres communes, Préverenges a aussi tenté de s'opposer à cette décision du canton. Déboutée par la Cour cantonale de droit administratif et public puis par le Tribunal fédéral, les migrants arriveront à Préverenges dès le 10 septembre. «Dès lors que nous sommes obligés de les accueillir, nous ferons tout pour que cela se fasse dans de bonnes conditions», assure le syndic Guy Delacrétaz.
Pas le choix
Comme à Préverenges, les autres communes contraintes d'accueillir des migrants déplorent le fait d'avoir été mises devant le fait accompli. « Nous aussi, canton, sommes placés devant le fait accompli. La Confédération ne nous laisse pas le choix, répond le conseiller d'Etat Philippe Leuba. Tous les cantons doivent jouer le jeu. Il y a une obligation de solidarité en Suisse. La politique, ce n'est pas faire ce que l'on veut, mais faire ce que l'on doit.» La loi ordonne en effet aux communes de plus de 2000 habitants d'accueillir, sur demande du canton, des requérants d'asile.Reste que les abris PC désignés pour cet accueil posent problème. «Franchement mettre un centre à proximité d'une gare et donc du passage d'enfants ou d'adolescents est une absurdité, tonne Pierre, un père de famille de Gland. Il y a des trafics de drogue qui se font au nez et à la barbe de toute le monde, c'est juste scandaleux.» Un avis que ne partage pas Cécile Ehrensperger, responsable du secteur nord et ouest de l'EVAM: «Il y a toujours des mécontents, c'est inévitable. Qu'ils prennent contact avec nous et nous leur expliquerons la situation.»
Incitation à l'intolérance
Les quiproquos entre population et élus risquent de se multiplier. «Le problème est que les autorités apportent un message complètement contradictoire. D'un côté, ils disent que la situation est sous contrôle, qu'il n'y a rien à craindre, mais d'un autre, ils admettent ne pas connaître exactement le profil des migrants placés. Et quand la population apprend par la suite que des problèmes d'insécurité existent bel et bien, elle est déstabilisée et ne croit plus en rien», relève Guy Delacrétaz.Pour certains, cette situation pousse la population à faire preuve d'intolérance et de racisme. «Le plus triste dans cette affaire est qu'une gestion aussi calamiteuse des requérants d'asile, en particulier des requérants déboutés par nos autorités, déstabilise la population, toutes sensibilités confondues. Elle réduit considérablement sa tolérance envers les vrais réfugiés, ceux qui mériteraient une véritable intégration dans la communauté», estime Christian Coppey, un habitant de Préverenges.
Politique d'asile à revoir
Si le conseiller d'Etat dit comprendre les craintes de la population, il estime toutefois que «les choses se passent globalement bien même si l'équilibre est fragile». Il s'accorde néanmoins à dire que, «à long terme, la politique d'asile doit être revue». Un avis que les habitants des communes accueillant les requérants d'asile ne contrediront pas…