«Les sex shops permettent aux femmes de se réapproprier leur puissance et de pimenter leur vie de couple !» Noémie
Les sex shops réels ou virtuels attirent de plus en plus de femmes. Notamment dans les «capitales» romandes que sont Genève et Lausanne. Dernièrement, une étude menée par le site de vente en ligne KissKiss.ch sur 30’000 achats assénait non sans arrière-pensées marketing que 47% de ses clients étaient des clientes. Pour prendre la mesure de cette féminisation, une visite dans la succursale lausannoise de Magic X Erotic Megastore suffit.
Là, au milieu d’innombrables dessous et panoplies sexy, de godemichets colorés et design et de gels de massage, déambulait lors de notre passage Noémie toute crinière dehors, vêtue de noir et les jambes moulées dans des leggins. Cette éducatrice de 42 ans est une habituée et l’assume. «Je suis venue chercher un nouveau vibromasseur histoire d’alimenter ma libido», répond-t-elle sans complexe ni provocation à notre première question.
Au-delà d’une sexualité normative
Et cette «maman d’un ado de 13 ans, vivant en couple et fidèle» de prendre illico de la hauteur autour d’un café: «Des lieux comme celui-ci aide à aller au-delà de la sexualité normative souvent un peu stérile dans laquelle la société veut nous pousser. Cela permet aux femmes de se réapproprier leur puissance et de pimenter leur vie de couple!» La Lausannoise se rend d’ailleurs souvent ici avec son compagnon. Et elle n’est pas la seule, à en croire Jan Brennimann, porte-parole de cette enseigne comptant 30 magasins en Suisse: «En quinze ans, l’érotisme est devenu lifestyle et notre clientèle a changé. Dans nos magasins romands phares que sont ceux de Lausanne et Genève, elle se compose principalement de femmes et de couples. Les hommes ne représentent désormais que 30% contre presque 100% à l’époque !»
C’est grâce au prolongement de cette évolution sur internet que celle que nous appellerons Louise, une Genevoise de 24 ans, confie avoir connu son premier orgasme voici un an. «J’ai acheté un vibromasseur et de l’huile de massage sur un coup de tête. Cela a permis de découvrir en moi des territoires inexplorés, de mieux comprendre ce qui me plaisait et de satisfaire davantage mes partenaires », explique timidement cette étudiante. Aujourd’hui, elle officie comme testeuse pour KissKiss.ch. «Les textes que je tire de ces expériences sensuelles sont ma goutte d’eau pour lever les tabous entourant la sexualité féminine et la rendre intéressante et ludique. »
Cette profession de foi, Marina Bonnet, fondatrice du site bonbonrose.ch pourrait la prendre à son compte. En 2007, cette ex-infirmière en psychiatrie de 42 ans, lançait son site de vente en ligne de sextoys aujourd’hui fréquenté par 40% de femme. Sa particularité est qu’elle organise 1000 ventes à domicile par an. Certaines les appellent les soirées «uppergode», car on n’y parle pas tupperwares mais plutôt orgasmes, plaisir et dildos (notamment). «Le tout sainement et en s’amusant. Cela va dans le sens d’aider les femmes à cesser d’être plaintive et projective pour prendre les choses en main dans tous les domaines de leur vie !»