Matériel de campagne: faites ce que 
je dis, mais pas ce que je fais!

ÉLECTIONS FÉDERALES • Beaucoup de formations et de candidats, à droite comme à gauche, prônent à longueur de campagne une consommation durable et régionale. Lausanne Cités dévoile que certains d’entre eux ont clairement une autre pratique dans les faits.

  • La désormais célèbre affiche de Raphaël Mahaim a été imprimée en Allemagne, tout comme certains documents du POP qui prône pourtant de «réindustrialiser» le pays.

La campagne pour les élections fédérales du 22 octobre bat son plein, y compris dans le Canton et à Lausanne. Sur des supports muraux, à des stands de marché et dans vos boites aux lettres, partis et candidats se démènent afin de vous inciter à voter pour eux. A coup de sourires, de slogans, mais aussi d’affiches, de flyers distribués voire de catalogues. Ce matériel représente un budget conséquent.
Selon les formations politiques, la stratégie pour les commandes et les dépenses se fait de manière centralisée par les sections cantonales uniquement. D’autres partis, de droite, laissent aussi les candidats mener leur propre stratégie avec leurs moyens financiers personnels ou obtenus grâce à des dons, dans la limite imposée par la loi.
Mais à qui font-ils appel pour imprimer et produire tous ces visuels? Certains ont eu à cœur de mettre en avant la nécessité de consommer local ou régional, ou de lutter contre la désindustrialisation de notre pays. C’est par exemple le cas d’un cadre au POP de la Riviera, qui l’a mentionné sur des affichettes. Quant à savoir si elles sont produites en Suisse...
Nous avons envoyé des questions au secrétariat central du POP vaudois. Malgré nos relances et notre coup de fil à une membre du comité directeur, nous n’avons obtenu aucune explication. Cela n’aurait pas été inintéressant, à l’aune de certains colis de matériel, reçus par le POP à la Maison du peuple à Lausanne. Des étiquettes (voir photo) dévoilent que l’entreprise mandatée est située au centre de l’Allemagne.
Moins cher en Allemagne
Des rumeurs ont aussi laissé entendre que les écologistes de gauche n’avaient pas totalement joué la carte du local et du circuit court pour au moins l’un de leurs candidats qui brigue le Conseil des Etats. Présidente des Verts vaudois, Alice Genoud explique que la majorité du matériel visuel de campagne a été réalisée en Suisse, sans plastique et à l’aide du recyclage, avec d’ailleurs «parfois des couacs d’impression qui ont occasionné quelques gênes».  
Elle admet toutefois en toute transparence que l’immense bâche mobile qui a été conçue pour Raphaël Mahaim provient, elle, d’une entreprise allemande en raison de sa spécificité et de son prix, trop élevé en Suisse. Ce support XXL à l’effigie du politicien et avocat de Morges avait recueilli récemment un certain écho dans les médias romands en raison de son originalité.
Carte helvétique
De son côté, le PS lausannois dit avoir joué la carte helvétique. «Impressions et éditions ont été financées et gérées par le PS vaudois, qui a fait systématiquement appel à des fournisseurs locaux établis dans le Canton (Renens, Sainte-Croix), voire ailleurs en Suisse (Berne, Valais), détaille la présidente lausannoise Sarah Neumann. Conformément à la charte interne, les candidates et candidats n'éditent pas de matériel individuel. Le dépliant tout-ménage est cantonal avec des variations régionales afin de mettre en valeur les personnalités locales. La section de la capitale vaudoise n'a que peu édité de documents elle-même, seulement quelques flyers spécifiques, imprimés aux PCL à Renens.»
Quant au PLR lausannois, le son de cloche semble similaire. «L'ensemble de nos flyers sont imprimés dans des entreprises de la région lausannoise, précise la présidente de la section Mathilde Maillard. Il en va de même pour le PLR Vaud qui travaille avec des sociétés locales. Nous ne donnons pas de consignes à nos candidats pour leurs visuels personnels, cela étant, ils sont sensibles au fait de favoriser les entreprises locales.»