Une grosse UNIL molle, l'éditorial de Fabio Bonavita

Volontiers donneuse de leçons à l’extérieur de son campus, l’Université de Lausanne semble avoir toutes les peines du monde à faire son autocritique. Quitte à apparaître comme un gros paquebot dont la gouvernance allie mollesse et lenteur.

La polémique qui s’éternise sur le doctorat honoris causa décerné par l’institution lausannoise en 1937 au dictateur italien Benito Mussolini en est la preuve. Cela fait des mois que la pression augmente sur le rectorat pour qu’il retire cette distinction. Ou tout du moins qu’il prenne position de manière franche et déterminée.

Interrogé à ce sujet sur les ondes de la RTS, le nouveau recteur de l’UNIL, Frédéric Herman s’est contenté de rappeler que les valeurs de son institution étaient «à l’opposé du fascisme» et que la haute école avait «failli» en attribuant cette distinction au chef du régime fasciste italien. Nous voilà rassurés, le diplôme honorifique sera donc retiré? Pas vraiment, le recteur a constitué un groupe de réflexion constitué d’experts qui se penchent sur cette question depuis plusieurs semaines. Une fois que ce beau monde aura enfin tranché, s’il y parvient, d’autres étapes suivront. Elles permettront d’informer le grand public, de réparer et d’assurer que ce type de faux pas ne se reproduise pas.

Cette procédure interminable ne fait pas honneur à l’Université de Lausanne. Cette dernière doit revoir en profondeur sa gouvernance pour éviter de devenir une usine à gaz dont la maxime se confonderait avec celle de Saint Matthieu: «Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais». Il en va de sa crédibilité, mais aussi de celle de ses professeurs et chercheurs. Un milieu académique bien peu conscient de la criante distorsion entre sa théorie et ses pratiques.