Dans une chronique aussi inédite que tonitruante, intitulée «Du balai et du sang neuf!» publiée dans la version romande du Blick, Jessica Jaccoud n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur le procureur du canton en particulier dans sa gestion de l’affaire de la ZAD du Mormont. Réponse tout aussi inédite du berger à la bergère: piqué au vif, Eric Cottier saisit aussitôt le Grand Conseil via une lettre envoyée à tous les députés, dénonçant une inacceptable immixion du politique dans les affaires de la justice et une grave entorse à la séparation des pouvoirs.
Le clash était certes inscrit dans l’ADN de chaque protagoniste, tout aussi clivants l’un que l’autre, un mâle alpha dominant et déclinant d’un côté et une pasionaria avocate militante en pleine ascension politique, de l’autre.
Mais il relève en réalité d’un péché originel inscrit dans la constitution vaudoise, l’élection du Procureur général par le Grand Conseil sur une base partisane. Si le procédé a l’avantage de garantir au magistrat élu un surcroît de légitimité démocratique, il entache systématiquement et inévitablement chacune de ses décisions du poison du biais politique, disqualifiant de facto l’argument d’une séparation des pouvoirs.