En se pinçant le nez... L'éditorial de Charaf Abdessemed

La gauche peint le diable sur la muraille. La droite, qui se sent pousser des ailes suite à un premier tour à l’élection du Conseil d’Etat plus que réussi, rassure du mieux qu’elle peut, histoire de ne pas effrayer les électeurs. C’est de la politique et c’est de bonne guerre.

Mais la question demeure pleine et entière: en cas de victoire, la droite risque-t-elle réellement de détricoter l’héritage social de la gauche (lire en page 3)? La réponse est non. Ces acquis dont la plupart résultent d’un compromis droite-gauche hérité de la mise en place de la réforme RIE III, sont coulés dans le marbre, et à moins de prendre le risque d’un suicide politique, et de jeter des milliers de personnes dans l’indigence, il est hautement probable qu’ils demeurent préservés, même si de manière récurrente dans le passé récent, nombre d’élus PLR et UDC ont marqué leur aversion pour une politique de prestations sociales tous azimuts. Mais ça, c’était avant la campagne et même en se bouchant le nez, elle devra faire contre bonne fortune mauvais cœur et laisser à peu près intacts les acquis de deux mandats du Conseil d’Etat à gauche.

Reste que, selon que Michaël Buffat ou Valérie Dittli soit l’heureux élu qui fera basculer la majorité, la donne pourrait changer sensiblement. Le naturel pourrait revenir au galop avec à la clé une tentation silencieuse mais réelle de raboter progressivement les aides sociales là où ce sera légalement possible: hébergement d’urgence, luttre contre le sans-abrisme, financement d’ONG, etc. Compromis à la vaudoise ou pas, l’électeur doit donc voter en gardant à l’esprit que malgré les postures électorales de tous les bords politiques, les idéologies ont encore un sens.