Tourisme lausannois: «L’enjeu, c’est de sauver ce qu’on a bâti ces dernières années!»

La fréquentation des touristes à Lausanne a plongé en deux mois pour atteindre des abysses.
Pour Steeve Pasche, patron de Lausanne Tourisme, la remontée s’annonce difficile et incertaine.
Lausanne pourrait sauver les meubles cet été en faisant valoir ses atouts pour attirer les touristes locaux.

  • Steeve Pasche, directeur de Lausanne Tourisme. VERISSIMO

    Steeve Pasche, directeur de Lausanne Tourisme. VERISSIMO

C’est clair, pour cet été, tout va se jouer sur le marché suisse

A combien évaluez-vous les pertes pour le tourisme lausannois ?
C’est trop tôt pour avoir des chiffres précis. Mais on a en revanche une idée de l’évolution des nuitées, avec une perte de l’ordre de 60 à 70% pour le mois de mars, et de 95% en avril, les hôtels étant fermés. Les 5% de nuitées restantes correspondant surtout à du personnel hospitalier auquel des prix spéciaux ont été concédés, par esprit de solidarité en cette période de crise.

Le secteur est clairement sinistré. Les professions liées au tourisme vont-elles s’en sortir?
Pour les petits restaurants, une solution a été trouvée par le Conseil d’Etat. Pour les hôtels en revanche, pas grande chose n’a été fait, alors que le secteur a des charges importantes. S’il pouvait y avoir des soutiens à fonds perdus, cela aiderait considérablement le domaine hôtelier, car celui-ci va en avoir bien besoin.

Il y a aussi le secteur de la culture et de l’évènementiel, qui comptent beaucoup en matière de tourisme.
Évidemment, sans animations et événements, la promotion touristique est difficile. Ces secteurs ont énormément souffert, il faudra donc aussi les soutenir par des mécanismes d’aide adéquats, car ils n’ont pas les reins solides. A titre d’exemple, les Rencontres du 7e art ont dû être annulées 3 jours avant leur lancement, alors que des fonds importants avaient déjà été engagés. Beaucoup d’autres questions comme le sponsoring devront aussi être réglées. Finalement, l’enjeu principal est d’essayer de sauver tout ce qui a été bâti ces dernières années.

Que faire pour y remédier?
Notre rôle à Lausanne Tourisme est de soutenir, aider et promouvoir le tourisme lausannois. On a mis en place un groupe de travail depuis un mois et demi avec 45 partenaires dont les hôteliers, les musées-attractions et les restaurants et nous préparons déjà une campagne de promotion pour être prêts à repartir dès que ce sera possible.

Peut-on dire que la saison touristique estivale à Lausanne est désormais définitivement compromise?
Là aussi c’est très difficile de savoir. Les dernières décisions du Conseil fédéral montrent qu’il y a une opportunité pour que la saison ne soit pas complètement perdue. Moyennant des mesures sanitaires, certains produits touristiques – restaurants, musées – devraient être disponibles, sous réserve du degré de confiance des éventuels touristes. En revanche, le volet événementiel (festivals, animations etc) est clairement compromis pour cet été, au vu des interdictions de rassemblements.

Franchement, la clientèle internationale, il va falloir oublier non?
C’est clair que pour l’été on va se battre sur un marché principal qui est la Suisse et la Suisse alémanique en particulier. La difficulté bien sûr est d’anticiper le comportement des gens car il est impossible de savoir exactement comment le public va se comporter. Je pense qu’il y a des chances pour que cela reparte pour juillet-août, mais pour des courts séjours essentiellement. Dans tous les cas, nous avons donc élaboré des scénarios en fonction des divers comportement possibles.

Lausanne est connue pour être une destination de tourisme affaires surtout. A t-elle des atouts à faire valoir sur le marché suisse?
Oui je le crois! Nous avons le Musée olympique, Plateforme 10 avec son effet de nouveauté puisqu’elle vient d’ouvrir. L’an passé, Lausanne a été désignée «Meilleure petite ville du monde». On va donc surfer sur cette vague dynamique, sans compter l’atout de l’arrière-pays lausannois avec le Lavaux, etc... Quant au tourisme d’affaires, cela dépendra beaucoup des dispositions qui seront délivrées par les différents pays pour autoriser les gens à voyager. Lausanne reste bien placée dès lors que l’on garantira les conditions sanitaires et que l’on arrivera à proposer des services complémentaires, comme la visio-conférence etc...

Avec la réouverture des établissements, les métiers du tourisme pourront-ils satisfaire aux conditions sanitaires requises?
Dans les hôtels, dès lors qu’il y aura par définition moins d’effectifs, la mise en place des mesures sanitaires me semble faisable: il y aura des solutions pour que les hôteliers garantissent le tournus dans les chambres etc, d’autant que les règles d’hygiène commencent à être bien maîtrisées. Pour la restauration, ce sera en revanche plus difficile bien sûr…