«En termes de bruit, l’aéroport de la Blécherette n’est pas un problème»

POLEMIQUE • Une fois de plus le conseil communal a débattu de l’aéroport de la Blécherette. Redevance symbolique, nuisances sonores, essence sans plomb, présence de militaires… Membre du conseil d’administration de l’aéroport, Patrick de Preux revient sur les sujets qui fâchent.

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Lausanne Cités: Comment expliquez-vous que la question de l’aéroport revienne sans cesse sous les feux de la rampe?
Patrick de Preux: C’est assez inexplicable. L’aéroport de la Blécherette représente 1 pour 1000 de l’ensemble de la pollution lausannoise, il serait donc logique qu’on en parle une fois sur mille (rires)! Cela dit, c’est évident, l’aviation est dans le collimateur à cause du changement climatique. Or non seulement on ne voit pas les efforts consentis en termes de pollution, mais en plus on ne voit pas ses apports annexes. C’est à la Blécherette, entre autres qu’on forme les pilotes qui pilotent par exemple des hélicoptères de sauvetage…

Beaucoup tout de même se plaignent des nuisances sonores…
Franchement, l’aéroport n’est pas un problème en soi pour les Lausannois en termes de bruit, si ce n’est les vols nocturnes de la Rega. Après, en ce qui concerne les riverains proprement dits, nous respectons scrupuleusement les normes fédérales, favorisons les simulateurs, encadrons les horaires de vols, etc. Ce qui me frappe toujours c’est que quand on a commencé à construire aux alentours de l’aéroport, on a argumenté en disant: «le bruit ne gêne pas». Aujourd’hui les mêmes disent que le bruit est un problème…

Est-il vrai qu’à la Blécherette, on utilise encore du carburant avec du plomb?
Evidemment, il n’y a aucun secret là-dedans, l’essence plombée avec du tetraethylène s’utilise encore partout dans le monde entier pour tous les vieux moteurs qui ont plus de trente ou quarante ans! Reste que les quantités sont anecdotiques…

Pour les Verts, la redevance payée par l’aéroport à la Ville, de l’ordre de 60'000 francs, est ridiculement basse. L’aéroport profiterait-il indûment de la mansuétude de la Ville?
Du tout, c’est même plutôt l’inverse. A l’époque, quand l’aéroport appartenait encore à la Ville, il était déficitaire et lui coûtait 600'000 francs chaque année. Nous l’avons repris avec cet immense déficit, et selon certains, avec la certitude qu’on allait faire faillite. Trente ans plus tard, on en a fait une entreprise prospère avec une centaine d’employés qui payent des impôts. Du temps de la gestion municipale, il n’y avait que… cinq employés, et de surcroît payés par la Ville…

Les Verts souhaiteraient que la Ville demande à l’armée de ne pas utiliser l’aéroport…
Il faut être sérieux, c’est une demande qui n’a aucune chance d’aboutir. L’aéroport est une infrastructure aéroportuaire dotée d’une concession fédérale jusqu’en 2036… Cela dit, ce ne sont pas des jets militaires qui utilisent la Blécherette, la piste est trop courte, mais essentiellement des PC 9 qui permettent aux jeunes pilotes de s’entrainer, et des hélicoptères militaires qui transportent des conseillers fédéraux ou nationaux. Quant aux militaires étrangers, il faut être cohérent: dès lors que l’on a une industrie d’exportation d’avions, il faut bien permettre aux pilotes des pays qui achètent de s’entraîner!