A l'avenue de Sévelin, des morceaux de façade tombent en pleine rue

IMMEUBLE • Inauguré en 2019, le vaste immeuble des numéros 8 à 16 présente déjà de graves  défauts. Une expertise est actuellement en cours et les habitants ont été priés de rester prudents lorsqu’ils sortent de chez eux.

  • La détérioration de l’immeuble a été constatée en février de cette année, soit moins de quatre ans après la fin du chantier. En médaillon, des bouts de la façade jonchent le trottoir. Photo FNT

Barrières et rubans de balisage entourent depuis des mois le long bâtiment gris situé à l’avenue de Sévelin. Principalement dédié au logement subventionné et des chambres d’étudiants, il accueille aussi un restaurant ainsi que le Service communal du travail. Ses occupants ont été avertis par la gérance des désagréments et des précautions à prendre. La raison: des morceaux de la façade se détachent et tombent. La particularité de la situation réside principalement sur le fait que ce grand édifice est pour ainsi dire neuf: il a été inauguré en 2019.
Expert mandaté
L’importance de la détérioration de la façade a été constatée fin février 2023 lorsque des fissures sont apparues, selon la société coopérative propriétaire sise à Pully. «La sécurisation de l’immeuble a été effectuée au mois de mars, précise-t-elle. A ces fins, nous avons installé des filets de protection et des auvents au-dessus des entrées de l’immeuble et des barrières ont été mises en place afin de délimiter et sécuriser le périmètre. En parallèle, le concierge nous rend un rapport hebdomadaire sur l’évolution de la façade. Ces mesures préventives ont d’ailleurs été approuvées par l’expert saisi du dossier.»
Lausanne Cités a pu constater sur place qu’au-delà des fissures mentionnées par la société coopérative,  ce sont bien des morceaux de façade qui se sont détachés par endroit (voir photo). Des petits bouts de béton jonchent le sol le long du bâtiment.  Un expert a été mandaté pour déterminer les causes exactes et, à l’heure actuelle, tous les mandataires et toutes les entreprises potentiellement responsables participent à l’analyse en cours.
Grand impact économique
Entre-temps, nous avons été contactés par le patron d’une société qui a dirigé les travaux de ce chantier pour nous déclarer que son bureau ne portait «aucune responsabilité» dans les problèmes relevés. Nous avons sollicité Frédéric Haldi, l’ingénieur mandaté depuis cet été pour mener l’expertise. «Il est un peu tôt actuellement de la part des différents protagonistes pour déclarer n’avoir aucune responsabilité», précise-t-il. Diplômé de physique et docteur en sciences de l’EPFL, il ne paraît pas surpris qu’un bâtiment neuf présente déjà de tels défauts. Il nous renvoie à une étude de l’EPFZ sur ce thème, où on y apprend que les défauts de construction, souvent dus à des erreurs dans le processus de planification ou/et de l’exécution, ont un grand impact économique en Suisse. Le secteur du bâtiment consacre environ 8 % de ses dépenses à les éliminer chaque année, ce qui représente quelque 1,6 milliard de francs!
L’hypothèse de travail de Frédéric Haldi se concentre sur la qualité de matériau utilisé, la qualité de la pose de ce matériau, et la statique du bâtiment de Sévelin. Sont donc concernés tant le propriétaire que l’architecte, l’ingénieur et la société qui était responsable du chantier. La prise en charge des coûts de ces travaux de réparation dépendra des conclusions de l’expert. Il pense rendre son rapport au début de l’an prochain.